La plateforme américaine de vidéos en ligne accélère sa production de séries en Europe, leur offrant une audience encore plus grande en dehors du Vieux Continent, a expliqué mercredi à Berlin son patron, Reed Hastings.

«Quand nous produisons un contenu européen, il ne trouve pas seulement une audience importante en Europe, mais plus des deux tiers des visionnages se font en dehors de l'Europe: en Amérique du Nord, en Amérique latine, en Asie», a expliqué Reed Hastings, venu présenter dans la capitale allemande les dernières productions européennes du groupe.

Celui qui a fondé il y a 20 ans Netflix, au départ un système de location illimitée de DVD, s'est donc réjoui de «créer une audience mondiale pour des productions locales».

C'est notamment le cas pour la série française Marseille, portée par l'acteur Gérard Depardieu et dont le tournage de la deuxième saison doit débuter le 18 avril avec de nouveaux personnages, dont «une jeune femme d'extrême-droite, membre du "Parti Français"», indique Netflix.

Après avoir été récompensé dimanche aux Oscars pour le documentaire Les casques blancs, Netflix mise plus que jamais sur la production de séries, films, spectacles ou documentaires avec un budget dédié de 6 milliards de dollars pour 2017.

Connu pour les séries à succès House of Cards, Orange is the New Black ou Narcos, le groupe a investi depuis 2012 1,75 milliard de dollars en Europe dans des productions ou coproductions originales ou dans des achats de droits.

Le nombre de productions originales européennes s'élève à plus de 90, avec à venir la première série allemande du groupe Dark, attendue pour décembre, l'italienne Suburra et l'espagnole Las chicas del cable, dont une deuxième saison est déjà annoncée.

«Et nous commençons tout juste», a assuré Reed Hastings, promettant de «continuer à investir face à une audience en hausse».

Outre des coproductions avec BBC One (Troy: Fall of a City) et BBC Two (Black Earth Rising), Netflix a annoncé aussi sa première coproduction avec Canal+ pour The Spy. La chaîne française diffusera la série en France tandis que Netflix aura les droits à l'étranger.

«Les contenus locaux sont clés pour le succès de Netflix», a estimé Irina Kornilova, analyste du cabinet IHS Markit, qui prévoit qu'en 2021, 60% des abonnés à la plateforme seront hors des États-Unis, contre moins de 50% actuellement.

Le patron de Netflix lui ne veut pas faire de pronostic au-delà des 5,20 millions de nouveaux abonnés qu'il espère encore gagner au premier trimestre 2017.

«Il y a beaucoup de place pour croître si l'on fait de bons contenus», a déclaré Reed Hastings à des journalistes.

Pourtant, la compétition est de plus en plus forte. Nombre de plateformes veulent produire leurs propres programmes, et Amazon Prime est en train d'accélérer son développement à l'international. Mais le patron de Netflix parie sur le fait que les gens prendront plusieurs abonnements en fonction des contenus.

En revanche, «plus c'est dépendant du direct, moins c'est intéressant», a précisé Ted Sarandos, responsable des contenus. Netflix ne s'intéresse ainsi ni au sport ni à l'actualité et ne prévoit pas non plus des contenus spécifiquement dédiés aux mobiles.

Devenu plateforme de streaming il y a dix ans et lancé en 2014 en France comme en Allemagne, Netflix revendique fin 2016 plus de 93 millions d'abonnés dans plus de 190 pays. Il n'y a qu'en Chine que le groupe ne se lance pas directement, mais licencie ses productions.

En 2017, le roumain et le grec seront ajoutés aux treize langues déjà disponibles.