Le président du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) affirme que les réseaux de télévision ont la responsabilité de produire des nouvelles locales, même si ce n'est pas avantageux financièrement.

Jean-Pierre Blais a expliqué à un comité des Communes, jeudi, que les profits n'étaient pas le seul objectif et que le marché des idées et de l'information était tout aussi important.

Le dirigeant du CRTC a tenu ces propos devant le Comité permanent du patrimoine canadien, qui se penche actuellement sur les médias et les communautés locales.

«Nous ne croyons pas que les chaînes de télévision locales doivent être laissées à l'abandon parce que ça ne paraît pas avantageux sur le bilan financier (de les épauler)», a dit M. Blais.

«Le marché des produits, des revenus et des profits n'est pas le seul marché qui compte, a-t-il ajouté. Loin de là. Il y a aussi le marché des idées et de l'information. Ce marché interagit dans une sorte de richesse qui soutient chaque aspect de la société canadienne.»

M. Blais a souligné que les plateformes numériques constituaient une nouvelle source de couverture locale, mais qu'elles ne possédaient pas le financement et l'expertise des chaînes d'information télévisées professionnelles.

«Elles sont accessibles et gagnent en popularité», a-t-il tout de même reconnu, mentionnant notamment que les réseaux sociaux rejoignent de plus en plus d'utilisateurs.

Le président a également déploré qu'«un nombre inquiétant de stations de télévision» aient réduit leur personnel, centralisé leurs activités et diminué la durée de leurs bulletins de nouvelles.

Ce commentaire survient alors que le conglomérat médiatique Postmedia annonçait, jeudi, un plan de réduction de 20 pour cent de ses dépenses salariales.

En juin, le CRTC a annoncé des changements dans la façon dont les diffuseurs peuvent financer l'information locale et a exigé que les détenteurs de licences à Montréal, Toronto, Vancouver, Edmonton et Calgary produisent au moins 14 heures de contenu d'information locale par semaine.

Dans les plus petits marchés de langue anglaise, la programmation minimale a été établie à sept heures par semaine.

Du côté des chaînes francophones, elles sont évaluées au cas par cas, mais elles doivent produire cinq heures de contenu local par semaine.

C'est plutôt une autre décision du CRTC, annoncée en août, qui soulève l'inquiétude de certains membres du comité des Communes. Le CRTC a changé le système de pointage qui détermine si des producteurs peuvent avoir accès à du financement et des crédits d'impôt pour produire du contenu canadien.

Plusieurs intervenants de l'industrie craignent qu'une telle mesure ouvre la porte à l'embauche de davantage d'Américains, aux dépens des créateurs canadiens.

M. Blais a toutefois défendu cette mesure, jeudi, faisant valoir que celle-ci offrait aux producteurs un peu de flexibilité afin qu'ils puissent se qualifier pour recevoir des montants plus importants par le biais d'autres programmes.