Le chroniqueur Richard Martineau enregistre des publicités pour des restaurants de Québec, diffusées pendant son émission sur les ondes CHOI Radio X. Si cette pratique soulève des questions éthiques, ce dernier se défend en affirmant qu'il ne se place jamais en conflit d'intérêts.

«Dites Martineau à l'achat de l'un des délicieux plats de la table d'hôte du soir et le Graffiti vous offrira un verre de vin ou un apéro. Si je suis là, j'irai le prendre avec vous», dit l'animateur dans l'une de ces publicités relayées hier par le blogue La Clique du Plateau.

«Je fais [des publicités] que pour des restaurants et je ne suis pas critique de restaurants. On m'a offert d'autres affaires et j'ai dit non. Moi, je parle des restaurants que j'aime, que je trouve bons et que je fréquente», a expliqué Martineau à La Presse.

À Québec, il est courant que les animateurs de radios privées enregistrent des publicités pour des entreprises privées. Or, en plus d'animer une émission quotidienne à CHOI Radio X, Richard Martineau est journaliste-chroniqueur et blogueur pour Le Journal de Montréal.

Journalisme et publicité

Selon les règles déontologiques prévues par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), dont Martineau n'est plus membre depuis 2003, les journalistes et les chroniqueurs ne peuvent pas faire de publicités pour des entreprises, afin de préserver leur neutralité et leur impartialité.

«Pour les membres de la FPJQ, c'est une façon de dire au public qu'il peut leur faire confiance, justement parce qu'ils ne feront pas de publicités tant qu'ils sont membres et qu'ils baseront leur travail sur une vérification des faits et l'impartialité», a expliqué Caroline Locher, directrice générale de la Fédération, sans commenter toutefois directement les publicités faites par Richard Martineau.

Le chroniqueur affirme qu'il n'est pas le seul au Journal de Montréal à faire occasionnellement de la pub. Denise Bombardier, qui signe également une chronique dans ce même média, a déjà participé à un message publicitaire télévisé de la chaîne de restaurants St-Hubert.

«Moi, c'est une relation commerciale qui est claire et nette. [...] Pierre Falardeau disait souvent: je préfère un chroniqueur qui me vend des patates et des pâtes qu'un chroniqueur qui me vend un parti politique et des idées. Au moins, c'est clair», a-t-il soutenu avec vigueur.

Une carte facultative

Au Québec, il n'est pas obligatoire d'être membre de la FPJQ pour pratiquer le métier de journaliste ou pour se dire journaliste. Les journalistes ne sont pas non plus régis par un ordre professionnel.

De leur côté, les médias d'information n'ont pas l'obligation d'être membres du Conseil de presse. L'organisme peut toutefois rendre des jugements de blâme contre des journalistes ou des médias visés par une plainte du public pour ne pas avoir respecté les principes déontologiques de la profession. Le Journal de Montréal n'est pas membre du Conseil de presse.

Aucune plainte n'a été déposée au CPQ contre Richard Martineau en lien avec les publicités qu'il enregistre pour le marché de Québec. Au moment de publier, la direction de l'information du Journal n'avait pas rappelé La Presse.