Huit mois après avoir quitté Le Devoir pour un poste d'enseignant à l'École des médias de l'UQAM, Brian Myles réintègre les bureaux du quotidien de la rue De Bleury pour en devenir le nouveau directeur. Il succède ainsi à Bernard Descôteaux, qui était en poste depuis 1999.

C'est l'actuel président du conseil d'administration du Devoir, Jean Lamarre, qui a annoncé la nouvelle, hier après-midi, aux employés du journal. Une décision entérinée par les membres du C.A. et de la Fiducie Henri-Bourassa. Brian Myles entrera en fonction le 8 février.

«J'accueille cette nomination comme un immense honneur, a indiqué Brian Myles. Juste d'être considéré pour ce poste-là, ça m'a permis de voir le chemin que j'avais parcouru dans ma carrière.»

«C'est un privilège d'accompagner Le Devoir dans son virage numérique. Je suis content de revenir pour m'associer à quelque chose de constructif et de positif.»

Depuis que M. Descôteaux a annoncé sa retraite, au mois d'août dernier, un comité de sélection a été mis en place pour lui trouver un successeur. Plusieurs noms circulaient, dont ceux de l'ex-journaliste Michel Venne et de l'ex-éditorialiste du Devoir et administrateur Michel Nadeau. 

Brian Myles, qui est entré au Devoir en 1994, a couvert pendant 20 ans divers secteurs, dont les affaires municipales et judiciaires. Au cours des dernières années, il avait entre autres couvert les travaux de la commission Charbonneau. De 2009 à 2013, il a aussi été président de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ).

Comme tous les journaux, Le Devoir fait face à des défis énormes, provoqués par la baisse constante des revenus publicitaires. «Il faut poursuivre le virage numérique que nous avons commencé à prendre, a affirmé Brian Myles, mais nous allons poursuivre notre mission qui consiste aussi à faire un journal de qualité, rigoureux. Peu importe les plateformes, ça ne changera pas.»

Brian Myles n'a pas voulu commenter tout de suite les états financiers du Devoir, se contentant de souligner les résultats positifs de la dernière campagne du Fonds des Grands Amis du Devoir.

Dès qu'il prendra les commandes, il compte rencontrer les équipes en place pour «comprendre les attentes et les besoins du personnel et des différents secteurs». 

Est-ce que la rédactrice en chef Josée Boileau restera en poste? Brian Myles n'a pas voulu se commettre.

«Je suis en ce moment encore à réaliser que je suis le nouveau directeur du Devoir. Il est prématuré aujourd'hui de répondre à cette question. J'arriverai en poste le 8 février, je veux me laisser un temps de réflexion. D'ici là, l'équipe actuelle reste en place.»

M. Myles, 43 ans, a été contacté par Le Devoir alors qu'il enseignait à l'École des médias de l'UQAM et qu'il travaillait comme chroniqueur pour le magazine L'actualité, «le meilleur des deux mondes», avait-il alors évoqué. Il dit par contre ne pas avoir pu ignorer l'invitation du C.A. du journal.

«À partir du moment où on a sondé mon intérêt pour le poste et que j'ai vu ce qu'il était possible de faire, je me suis senti comme [George Mallory] à qui on avait demandé pourquoi grimper l'Everest. Sa réponse était: parce qu'il est là. Pourquoi la direction du Devoir? Parce qu'il existe et que cette tribune est privilégiée.»

Son défi est vertigineux, Brian Myles en convient. «Mon assiette est remplie pour les prochaines années. Faudrait être profondément coupé de ses émotions pour ne pas avoir une certaine inquiétude, c'est un défi important. Mais je suis un homme de défis. Je n'aurais pas pu vivre avec le regret de n'avoir pas saisi cette occasion.»