Le nombre des journalistes retenus en otage dans le monde a augmenté cette année de 35 %, passant de 40 à 54, mais celui des journalistes emprisonnés ou enlevés a diminué par rapport à l'an dernier, selon deux rapports publiés mardi.

Cette augmentation des otages est « surtout liée à l'explosion des enlèvements de journalistes au Yémen », selon l'organisation Reporters sans Frontières (RSF).

C'est en Syrie que l'on compte le plus de journalistes otages de groupes non étatiques (26), selon l'ONG. Treize autres journalistes sont otages au Yémen, 10 en Irak, et 5 en Libye.

Le groupe jihadiste État islamique en détient 18, principalement en Syrie et en Irak, les autres sont détenus par les rebelles Houthis au Yémen(9), par Al-Nosra (4), Al-Qaïda (3), et par l'Armée syrienne libre (1). Dans 19 cas les preneurs d'otages restent indéterminés.

Parmi ces journalistes figure une femme, selon RSF.

« Dans certaines zones de conflit, une véritable industrie des otages s'est développée », selon Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Au Yémen en 2015, « 33 journalistes ont été enlevés par les milices houthies et Al-Qaïda, contre 2 en 2014, et 13 y sont encore otages à ce jour » explique-t-il.

La Chine, championne de l'emprisonnement

Mais RSF souligne que le nombre de journalistes emprisonnés a diminué cette année.

La Chine et l'Égypte restent en la matière les pays qui incarcèrent le plus de journalistes, selon RSF et le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) basé à New York.

« Un nombre record de journalistes se trouvent derrière les barreaux en Chine, et le Comité pour la protection des journalistes a constaté que les journalistes détenus en Turquie et en Égypte sont aussi considérablement plus nombreux en 2015 », écrit le CPJ, qui fait mention de 199 journalistes emprisonnés dans le monde en 2015 pour l'exercice de leur profession, contre 221 l'an dernier.

Selon le CPJ, 49 journalistes sont emprisonnés en Chine, un chiffre record dans ce pays. Mais « c'est sans doute en Égypte que le climat s'est détérioré le plus rapidement pour les médias, et ce pays est maintenant le deuxième geôlier de journalistes dans le monde », avec 23 journalistes emprisonnés, écrit le CPJ qui souligne qu'il n'y en avait aucun en 2012.

En Turquie, le nombre des journalistes emprisonnés a doublé cette année, passant à 14, toujours selon le CPJ.

En Iran il est passé de 30 l'an dernier à 19 cette année, dont le correspondant du Washington Post Jason Rezaian.

RSF mentionne de son côté 153 journalistes professionnels emprisonnés, dont cinq femmes, total en baisse de 14 % par rapport à l'an dernier.

Le nombre des journalistes enlevés a également baissé de 34 % par rapport à 2014, s'établissant à 79 en 2015, selon RSF qui explique cette baisse par l'accalmie en Ukraine, qui concentrait le plus d'enlèvements de journalistes l'an dernier et n'en a eu aucun cette année.