Le journal est mort. Vive le magazine! Près de 30 ans après sa première parution, le 27 novembre 1986, le journal Voir publiera son dernier numéro le 17 décembre. La nouvelle n'est pas surprenante: l'hebdomadaire devenu bimensuel rétrécissait comme peau de chagrin depuis quelques années. (Le journal faisait des numéros de 16 pages, alors qu'il a déjà compté 176 pages et plus.)

«On était tannés de se faire parler de l'épaisseur du journal chaque deux semaines», reconnaît Simon Jodoin, rédacteur en chef depuis 2012. Ce dernier a annoncé hier que l'entreprise - qui gère aussi le site voir.ca, le Guide restos Voir et la Boutique Voir - allait publier un magazine mensuel gratuit, dès le 28 janvier.

Ce magazine comptera «un minimum» de 76 pages sur papier glacé, avec une nouvelle maquette, de nouveaux chroniqueurs, un nouveau logo (adieu, la mire du «o» de Voir?). Il aura son propre réseau de distribution. Il y aura deux versions: l'une pour Québec et l'autre pour Montréal.

«Dans le format actuel, nous sommes assis entre deux chaises, constate Jodoin. Inévitablement en retard sur l'actualité par rapport au site web, et privés d'espace pour approfondir des sujets importants. Or, on ne voulait pas annoncer tout bonnement la fin du papier. Certes, il y a le web et les nouveaux médias qui permettent de diffuser des contenus riches d'une grande valeur. Mais faut-il pour autant abandonner le format imprimé? Je suis convaincu qu'il existe un avenir pour le papier.»

De nouvelles plumes

Voir magazine comptera sur les chroniques de nouveaux collaborateurs: Monique Giroux (musique), Émilie Dubreuil et Alexandre Taillefer. Mickaël Bergeron signera une chronique sur la ville de Québec. Normand Baillargeon parlera société et philosophie. Il y aura aussi de grands dossiers concernant des enjeux culturels, économiques et sociaux, sous la plume de Jean-Philippe Cipriani et Catherine Perreault-Lessard.

L'un des premiers dossiers du magazine portera sur l'économie des médias locaux face aux géants mondiaux du web. «Notre concurrence, ce n'est pas La Presse ni Le Devoir, dit Jodoin, ce sont les géants de la Toile, Facebook et Google.»

Selon le rédacteur en chef, il faut soutenir les médias nationaux et locaux. «Facebook règne sur le marché en faisant du pompage culturel et en diffusant du contenu qu'il paie une bouchée de pain. Netflix fait une concurrence déloyale aux salles de cinéma sans payer de taxes au Canada.»

Pour ce qui est de la philosophie éditoriale du magazine, elle sera «ni trop niche ni trop populaire».

Interrogé sur le virage mode de vie et l'abondance de contenu lifestyle par rapport aux sujets culturels, la mission première de Voir, le rédacteur en chef a défendu ses choix: «Voir fait la promotion des "artisans" locaux au sens large du mot: des restaurateurs, des commerçants, des créateurs et des acteurs qui enrichissent la métropole. La couverture locale est importante... et elle a un prix.»