Submergé de propos racistes et haineux chaque fois qu'il diffuse des histoires concernant les peuples autochtones, le réseau CBC a annoncé hier qu'il suspendait temporairement la publication sur son site web des commentaires de ses auditeurs sur ce sujet précis. Une mesure exceptionnelle.

La directrice des contenus numériques à CBC News, Brodie Fenlon, a expliqué sur le blogue de la rédactrice en chef du service des nouvelles que le réseau fait face à une situation « unique ».

« Bien qu'il existe un certain nombre de sujets ou de groupes de personnes qui suscitent un nombre plus élevé de commentaires alarmants, nous nous retrouvons dans une situation unique avec les histoires sur les autochtones », écrit M. Fenlon.

« Nous avons remarqué au cours des derniers mois que ces nouvelles attirent un nombre disproportionné de commentaires qui dépassent les bornes et violent nos lignes directrices. Certains commentaires sont haineux et virulents, certains traduisent tout simplement une ignorance [des dossiers]. Et certains sont de la haine déguisée en ignorance. »

Le réseau, qui a diffusé récemment de nombreux reportages sur les femmes autochtones assassinées et disparues, explique ne pas vouloir brûler les ponts avec les communautés des Premières Nations. Les commentaires sur les reportages à leur sujet sont donc suspendus jusqu'au mois de janvier prochain. CBC dit réfléchir à une stratégie pour mieux modérer les propos de son auditoire.

Pas surprenant

Pour Michèle Audette, ex-présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada, candidate libérale défaite et grande militante pour les droits des autochtones au Québec, le comportement des auditeurs de CBC est décevant, mais pas surprenant.

« C'est triste, mais normal, dit-elle. Nous avons toléré pendant longtemps, nous avons été assommés par toutes ces formes de discrimination. Le racisme est un résultat du maintien d'un peuple dans cette ignorance collective », croit-elle.

Elle est d'accord avec la stratégie de musellement mise de l'avant par la société d'État. « Ces commentaires doivent être sanctionnés, mais pas les nouvelles sur nous », martèle Mme Audette.