Les villes pourraient bientôt se contenter de diffuser certaines publicités sur l'internet plutôt que dans les journaux, comme elles y sont actuellement obligées. L'association des hebdomadaires indépendants craint que cette décision n'entraîne la disparition du quart des postes de journalistes en région et la fermeture de certains journaux locaux.

Depuis 2012, un comité de travail du ministère des Affaires municipales étudie l'obligation faite aux villes québécoises de publier des avis publics dans les journaux sur leur territoire, notamment lorsqu'elles souhaitent accorder un contrat de plus de 100 000 $. La Ville de Montréal, qui participe à ces travaux, indique que ce groupe « souhaite ajouter internet comme mode de publication ou de signification acceptée légalement », peut-on lire dans un document obtenu par La Presse. 

Gilber Paquette, directeur général d'Hebdos Québec, qui représente 30 journaux locaux indépendants, craint un manque de transparence si les villes sont autorisées à utiliser leur site internet. « Personne ne va aller voir les avis publics. »

La fin de ces publicités obligatoires risque surtout de mettre à mal les finances de journaux dont la santé est déjà précaire. Hebdos Québec estime que le quart des postes de journalistes pourrait disparaître.

Même son de cloche chez Transcontinental, qui possède 110 journaux. « Ça va être dramatique dans plusieurs cas », dit Sylvain Morissette, chef de la direction des communications de l'entreprise.

Qui plus est, selon Gilber Paquette, la fin de la publication des avis publics dans les journaux représenterait des « économies de bouts de chandelle » pour les villes.

L'exemple de Châteauguay

Châteauguay, qui a adopté une résolution demandant la fin de l'obligation de publier les avis publics, dit avoir dépensé 53 000 $ en 2011 en avis publics, alors que son budget annuel est de 86 millions.

La mairesse de la municipalité, Nathalie Simon, constate que les médias migrent de plus en plus vers l'internet. Modifier la loi ne ferait que refléter ce changement, dit-elle.

Mme Simon ajoute qu'elle ne croit pas que la fin des avis publics nuira au débat public et que les gens seront moins au courant des dossiers si l'information est uniquement diffusée sur le site internet de la Ville. 

En attendant la fin des avis publics dans les journaux, la Ville de Montréal entend miser sur la concurrence entre les médias de Montréal pour faire baisser sa facture en publicités. La métropole a entrepris de lancer un appel d'offres afin de choisir un seul quotidien pour ses placements publicitaires pour les trois prochaines années.