Vivianne Lapointe n'a pratiquement pas dormi quand elle s'installe sur une des banquettes de Lucky Strike, un petit resto-bar de SoHo. Arrivée de Los Angeles 36 heures plus tôt, elle n'a pas arrêté une seconde.

«Hier, c'était le lancement du magazine, il fallait préparer plein de trucs. On a fait la fête jusqu'à 4h du matin et puis on s'est levés à 8h ce matin pour aller faire une session photo avec une compagnie de lingerie new-yorkaise», explique l'éditrice de 31 ans.

Du coup, le nom de son magazine et de son site web, Live FAST (Vivre vite), semble parfaitement approprié. Dans les faits, FAST est l'acronyme de Fashion, Art, Sex et Travel (mode, art, sexe et voyage), quatre sujets qui la passionnent et qui guident l'essentiel de sa démarche.

Avant d'être un magazine, Live FAST est un site et une boîte de consultation médias. Établie aux États-Unis depuis quelques années, la journaliste commençait en avoir marre de trimer pour d'autres. Elle avait entre autres travaillé pour une publication spécialisée dans les cosmétiques, comme assistante personnelle de la peintre Corno, et elle écrivait pour une multitude de publications en ligne.

«Je bloguais pour des magazines et des publications et je me suis rendu compte que je développais le trafic pour tout le monde sauf pour moi. Ce qui me dérangeait le plus, c'est lorsque certains éditeurs me refusaient des propositions que je savais super hot», dit-elle.

Pourvue d'une ambition plus grande que nature (ses amis la surnomment affectueusement Lady Shark, la femme requin), elle a donc lancé son magazine web Life FAST en 2010, quelques mois après avoir fait le saut de New York à Los Angeles.

Dotés d'un design épuré et élégant, le site et le magazine possèdent une signature très californienne. Les photos sont gorgées de soleil, les modèles sont la plupart du temps en lingerie ou en short de jean court et affichent un look néo-bohème qui ne déplairait pas à Hedi Slimane, le designer d'Yves Saint Laurent obsédé par la Californie et les groupes de rock indie.

Dans le premier numéro, on retrouve des entrevues avec le chanteur George Lewis Jr. (Twin Shadow), des oeuvres d'Harmony Korine et d'Amanda Charchian, un article narrant une visite chez un «masseur» qui offre des happy endings à ses clientes, un carnet de voyage sous forme de journal intime et de nombreuses photos de jeunes Californiennes dénudées.

Facture chic

Tous les articles sont écrits par des filles. «Ce n'est pas un choix délibéré, mais il y a une partie de moi qui est très dédiée à encourager les jeunes femmes. J'aime l'idée d'offrir une voie féminine forte, où il n'y a pas de bons ou de mauvais choix, mais des choix qui conviennent à chacune», soutient l'éditrice originaire de Longueuil.

La facture du magazine est très chic, sensuelle. Les sujets se veulent pointus, avant-gardistes. Et le ton est résolument intimiste.

Si son magazine web et sa boîte de consultation sont rentables (notamment grâce à des partenariats avec des marques), le magazine, lui, est d'abord et avant tout un investissement. Vivianne Lapointe le considère comme une carte de visite prestigieuse qui va «ajouter de la crédibilité» à la «marque» Live FAST. Il fait d'ailleurs partie d'un plan de développement à long terme.

Un peu à l'image des Montréalais qui ont lancé le magazine Vice et en ont fait un mini-empire médiatique, l'éditrice espère décliner la marque Live FAST sur de multiples plateformes. À court terme, elle souhaite notamment se mettre à produire davantage de vidéos et à développer sa boutique en ligne.

«Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas être une sorte de Vice pour femmes», confie-t-elle en souriant.

Info: livefastmag.com