Rolling Stone a indiqué lundi avoir demandé à la célèbre école de journalisme de Columbia d'enquêter sur un raté, un article publié en novembre sur un viol collectif dans une université qui avait provoqué un scandale mais devenu ensuite douteux.

Jann Wenner, co-fondateur du magazine, a indiqué dans une déclaration à paraître dans le prochain numéro du journal, que Columbia allait enquêter sur «le processus éditorial qui a conduit à la publication» de cet article de 9000 mots sur un viol collectif à l'université de Virginie (est).

«Dès qu'ils auront fini, nous publierons leur rapport», ajoute-t-il en se référant à deux responsables de l'école, Steve Coll et Sheila Coronel.

Début décembre, Rolling Stone avait exprimé ses regrets, sans se rétracter, à propos de cet article en soulignant qu'il n'aurait pas dû croire aveuglément la prétendue victime.

Le long article publié le 19 novembre avait créé une onde de choc et provoqué des manifestations d'étudiants ainsi que la suspension des «fraternités» (confréries étudiantes, ndlr) de l'Université de Virginie (est), ravivant au passage un débat national sur les viols dans les campus des universités américaines.

De façon inhabituelle et à la demande du sujet de son article, une étudiante en première année simplement identifiée comme «Jackie», la journaliste de Rolling Stone Sabrina Rubin Erdely n'avait pas contacté les hommes accusés avoir pris part à ce viol collectif lors d'une fête de fraternités.

«Au regard de nouvelles informations, il semble à présent qu'il y ait quelques contradictions dans la version des faits de Jackie et nous en sommes venus à la conclusion que la confiance que nous avions placée en elle était mal à propos», avait indiqué le magazine sur son site internet.

Cette déclaration avait ravivé la controverse, de nombreux commentateurs estimant que Rolling Stone rejetait sur «Jackie» ses erreurs éditoriales.

L'article se trouve toujours sur le site internet du magazine, avec un mot du rédacteur en chef Will Dana qui n'a pas répondu aux appels à sa démission.

L'école de Journalisme de Columbia fait partie de la Columbia University de New York et de la prestigieuse Ivy League des grandes universités du nord-est comme Yale ou Harvard.

L'école publie une revue, la Columbia Journalism Review, dans laquelle, ironie de l'histoire, elle citait lundi l'article de Rolling Stone comme l'exemple parfait du plus mauvais journalisme en 2014.

«Il mérite un carton rouge pour avoir fait retomber la responsabilité de son raté suprême sur quelqu'un d'autre et beaucoup d'autres encore pour toutes les fautes qui y ont conduit», dit l'article.