Il est peu probable que la poursuite intentée par l'animateur de radio Jian Ghomeshi contre CBC fasse l'objet d'un procès dans une salle de cour, avancent des avocats en droit du travail.

L'avocat torontois Bill Gale affirme qu'à peine un pour cent des litiges civils se rendent devant un juge, car la vaste majorité d'entre eux font l'objet d'une entente à l'amiable.

Me Gale s'attend à ce que la poursuite de M. Ghomeshi suive un chemin similaire, particulièrement parce que les procédures judiciaires pourraient révéler au grand jour des choses que les deux parties préféreraient garder privées.

Il a décrit la tentative de Jian Ghomeshi de réclamer 55 millions $ en dommages comme étant «ridicule», soulignant que la jurisprudence canadienne est différente de celle des États-Unis, où les compensations monétaires peuvent atteindre des millions.

Au Canada, un jugement de 1 million $ pour des dommages punitifs serait considéré comme élevé, soutient-il, en ajoutant que cette somme serait «astronomique».

M. Ghomeshi a déclaré qu'il avait été congédié pour ses pratiques sexuelles et a écrit dans les médias sociaux qu'il participait à des activités sexuelles aventureuses qui incluent des jeux de rôle, de la domination et de la soumission en même temps que des pratiques sexuelles brutales. Les activités étaient consensuelles, affirme-t-il, et lui-même et ses partenaires utilisaient des «mots de code» pour indiquer quand mettre fin à une activité.

Le quotidien «Toronto Star» a rapporté avoir contacté M. Ghomeshi pour le questionner sur les allégations de trois femmes qui affirment qu'il a été physiquement violent avec elles, sans leur consentement, pendant ou avant les activités sexuelles.

Par son avocat, M. Ghomeshi a déclaré au quotidien «qu'il ne pratique aucun jeu de rôle ni activité sexuelle non consensuels» et que «toute suggestion en ce sens est diffamatoire».

Le Toronto Star a rapporté qu'aucune des trois femmes n'a porté plainte à la police.

Les avocats de M. Ghomeshi ont déposé une poursuite cette semaine contre CBC alléguant un bris de confiance, de la mauvaise foi et de la diffamation.

Un autre avocat spécialisé en droit du travail, David Whitten, a qualifié la poursuite de «quasiment risible», et croit que l'ex-animateur a de très faibles chances de succès si cette affaire se rend devant un juge.

Dans la plupart des cas, un employeur est libre d'engager et de renvoyer à sa discrétion un employé ou un collaborateur, s'il ne viole pas le Code des droits de la personne et s'il offre une compensation de départ juste, souligne Me Whitten.

Il a ajouté que l'aventurisme sexuel n'est pas protégé par le Code des droits de la personne et que l'employeur pouvait agir comme bon lui semblait dans ce cas. Selon lui, la poursuite de M. Ghomeshi est plus une manoeuvre de relations publiques pour susciter la sympathie des gens.

Aucun de deux avocats n'avait lu la déclaration de M. Ghomeshi déposée à la cour.

Une actrice se manifeste publiquement

Une actrice canadienne se manifeste publiquement avec des accusations contre Jian Ghomeshi, cet animateur de radio congédié par la CBC.

Lucy DeCoutere, qui interprète le rôle de Lucy dans l'émission Trailer Park Boys, est citée mercredi soir dans le Toronto Star, soutenant que M. Ghomeshi, sans son consentement, l'a étranglée jusqu'à ce qu'elle ne puisse plus respirer. Elle ajoute qu'il l'aurait frappée durement par la suite trois fois à la tête.

Le Toronto Star écrit que Mme DeCoutere a fait valoir qu'il était temps que quelqu'un se prononce publiquement sur cette affaire. Le journal a affirmé que M. Ghomeshi, ses avocats et le personnel de relations publiques n'avaient pas répondu pour commenter ces nouvelles allégations. Une porte-parole de M. Ghomeshi n'avait pas répondu dans l'immédiat à la demande d'entrevue de La Presse Canadienne.

Le Toronto Star avait précédemment indiqué que M. Ghomeshi avait dit au journal ne pas comprendre pourquoi le média continuait de traiter ces allégations, alors que «mes avocats vous ont déjà dit que c'était faux». Il a aussi dit qu'il ne se prêtait pas à des jeux de rôle ou des relations sexuelles non consensuelles.

Mercredi soir, le Toronto Star soutenait sur son site Internet que huit femmes d'un peu partout au Canada accusaient maintenant l'animateur de différents gestes de violence ou d'harcèlement à leur endroit.

Également mercredi, le réseau anglais de Radio-Canada y est allée de nouvelles affirmations dans cette affaire. Une femme a ainsi approché la CBC affirmant avoir été agressée physiquement, il y a plus de dix ans, par M. Ghomeshi.

Les avocats de l'animateur de radio Jian Ghomeshi ont déposé lundi après-midi une poursuite de 55 millions $ contre la CBC pour «bris de confiance», «mauvaise foi» et «diffamation».

Ses avocats allèguent que le diffuseur public aurait «abusé» des informations personnelles et confidentielles fournies par le plaignant. La CBC a annoncé dimanche qu'elle rompait ses liens avec son animateur vedette en raison «d'informations» reçues à son sujet. L'animateur de radio a écrit dimanche soir sur sa page Facebook qu'il avait été renvoyé à cause de ses «habitudes sexuelles».

Nouvelles informations de la CBC

Dans une entrevue radiophonique diffusée mercredi en soirée à la radio de la CBC, la femme non identifiée a soutenu qu'elle avait passé une soirée en compagnie de Jian Ghomeshi, il y a plus de dix ans.

L'animateur radiophonique renvoyé par la société d'État, au cours de la fin de semaine, l'aurait poussé au sol et cogné à la tête, a-t-elle soutenu.

Elle a affirmé qu'il lui aurait d'abord demandé de déboutonner les boutons de son chandail. Après qu'elle eut refusé, il aurait agrippé ses cheveux et poussé sa tête vers l'arrière.

La dame croit se souvenir que Jian Ghomeshi lui a demandé si elle aimait ça, mais elle ne se rappelle plus de sa réponse de l'époque.

Elle a ensuite révélé l'avoir revu pour une deuxième fois, cette fois à la maison de l'animateur de radio. Alors qu'ils discutaient, il aurait à nouveau pris sa tête, encore plus fort que la première fois, a-t-elle ajouté.

Alors qu'elle était au sol, face à lui, il aurait commencé à la frapper à la tête. Dans l'entrevue de 11 minutes accordée à CBC, la femme affirme qu'il n'y a pas eu d'échanges entre eux avant ces actes de violence allégués.

«Il ne m'a pas demandé si j'aimais être frappé, il ne me l'a pas demandé. Je ne m'y attendais pas et il m'a frappé à de nombreuses reprises. Nous avions nos vêtements, nous n'avions pas de relation sexuelle», a soutenu la femme.

La dame a révélé ne jamais avoir contacté la police concernant ces événements. Elle a affirmé qu'elle avait décidé de rendre publique son histoire, après avoir lu un article dans le quotidien torontois, le Toronto Star.

Elle a aussi affirmé qu'elle voudrait maintenant qu'il y ait dépôt d'accusations en lien avec les événements qui la concernent, mais estime qu'il est probablement trop tard sur le plan juridique.