La fusillade de Saint-Jean-sur-Richelieu a fait la une de plusieurs médias en début de semaine. Celle d'Ottawa, parce qu'elle a touché le Parlement canadien, a fait le tour du monde.

Mercredi, la plupart des réseaux de nouvelles américains, de CBS à CNN en passant par Fox News, couvraient l'événement. Hier matin, c'était au tour des journaux de raconter l'attentat. Du Koweït à la France en passant par l'Allemagne, la presse écrite internationale rapportait l'assassinat du jeune soldat canadien Nathan Cirillo. Aux États-Unis, plusieurs journaux en faisaient état à la une, en particulier dans l'État de New York, voisin du Canada. D'ailleurs, plusieurs médias américains, pour situer le lieu de la fusillade, précisaient qu'il avait eu lieu «à quelques milles de la frontière américaine».

La firme Influence Communication, qui suit de près la couverture médiatique un peu partout sur la planète, notait que l'attentat d'Ottawa occupait la tête des nouvelles internationales dans les médias traditionnels, mercredi après-midi. Influence Communication évaluait à plus de 1300 le nombre de reportages publiés à l'extérieur du pays, soit deux fois plus que lors de l'attentat de Saint-Jean-sur-Richelieu. Rappelons que c'est CBS News, aux États-Unis, qui a le premier diffusé l'identité du tireur.

Un modèle pour les étudiants

Au-delà des détails entourant la tragédie, c'est la couverture journalistique canadienne qui a impressionné plusieurs journalistes américains. Sur le site de Mother Jones, on peut lire un article dithyrambique sur le calme et la rigueur de l'animateur du National, Peter Mansbridge, le Bernard Derome des Canadiens anglais, qui était aux commandes de l'émission spéciale sur les ondes de CBC. «Aujourd'hui, peut-on lire sur Mother Jones, la CBC a donné une classe de maître avec une couverture en direct calme et crédible.»

Le journaliste de Mother Jones, James West, note que la CBC a couvert la fusillade comme on couvre ces événements aux États-Unis. «Ce qui était moins habituel, ajoute-t-il, c'est la manière dont Peter Mansbridge et son équipe ont géré la confusion, avec concision et en vérifiant chaque fait à mesure que la situation évoluait.» Selon West, l'émission spéciale devrait être montrée à tous les étudiants en journalisme des États-Unis. Même son de cloche sur le site TV Newser, où on note que ni musique dramatique ni éléments graphiques ne venaient perturber la couverture de la CBC. Quant à Andy Carvin, celui qui a pratiquement twitté le Printemps arabe lorsqu'il travaillait pour NPR, la radio publique américaine, il estime que les médias américains auraient beaucoup à apprendre de la manière dont Mansbridge a couvert la fusillade.

Enfin, nouvelle preuve que l'attentat a ébranlé les États-Unis, le réseau CNN a dépêché son animateur-vedette Anderson Cooper sur les lieux. Malheureusement, son passage aura moins été marqué par sa couverture de la fusillade que par une altercation avec un jeune journaliste de la chaîne Sun News Network, Vandon Gene. Ce dernier s'est fait rabrouer publiquement après avoir demandé à la star de CNN de poser avec lui pour une photo. Cooper lui a répondu que le moment était mal choisi puisqu'un homme venait de perdre la vie. Vandon Gene s'est plaint de la réponse de Cooper sur Twitter, ce qui lui a valu cette réponse cinglante de la part de l'animateur: «Je ne peux pas croire qu'une station vous emploie. Si vous voulez être journaliste, apprenez à vous comporter correctement lorsque vous couvrez une histoire.» En matinée hier, Sun News Network déclarait sur Twitter que Vandon Gene ne travaillait plus pour la chaîne.