Rebaptisé L'Obs, le Nouvel Observateur, premier magazine de nouvelles français, veut «créer l'information plutôt que la suivre», alors que sa Une du jour sur le Premier ministre Manuel Valls a déclenché une crise au Parti socialiste.

«On veut réancrer le journal dans l'actualité, en créant l'information plutôt qu'en la suivant», a déclaré jeudi son directeur, Matthieu Croissandeau, sur la radio France Info.

La déclaration de Manuel Valls, appelant le jour même en première page de L'Obs à «en finir avec la gauche passéiste», a fortement ravivé au sein du PS le débat sur la ligne politique suivie par l'exécutif.

Créé il y a 50 ans, l'hebdomadaire, dont la maquette et les rubriques ont été modifiées, donnera désormais «plus de part à la mise en scène, c'est-à-dire au visuel, aux photos», a ajouté son directeur. Il y aura aussi «des enquêtes fouillées, des portraits, des reportages, des récits».

«Les news mag ont été créés à une époque où l'information n'était ni instantanée, ni gratuite ni abondante», a souligné Matthieu Croissandeau, pour qui un hebdomadaire ne peut plus se contenter de résumer l'actualité de la semaine passée, ni miser sur les «marronniers».

L'Obs créera par ailleurs une zone payante sur son site fin 2014, avec des «contenus à forte valeur ajoutée», «de l'exclusif et de l'inédit». La parution d'une édition numérique quotidienne, qui pourrait être axée sur des enquêtes, est à l'étude.

«Aujourd'hui, on ne fait que du flux, demain on va conserver le flux en temps réel (...), mais on va aussi essayer de monter en qualité, en valeur ajoutée», a indiqué Matthieu Croissandeau, constatant que les revenus publicitaires tirés du numérique ne suffisaient pas à financer l'information, qui est «coûteuse».

Malgré des ventes de 485 000 exemplaires - grâce à plus de 400 000 abonnés - et un site au 3e rang des sites d'info, l'hebdomadaire et ses filiales, dont Rue 89, ont perdu 9,8 millions d'euros en 2013, sur un chiffre d'affaires de 90 millions.

L'Obs a souffert de l'atonie du marché publicitaire, même si ses ventes ont résisté (-3% en 2014). Après plusieurs années de pertes, l'hebdomadaire devrait ramener ses effectifs à environ 155 salariés, dont 115 rédacteurs, contre environ 180 l'an dernier. Il vise un retour aux bénéfices dès 2015.