À l'heure où on s'interroge sur l'avenir du journalisme international - plus particulièrement le journalisme de guerre, cher et dangereux -, l'arrivée de France 24 au Québec ouvre une fenêtre de plus sur le monde. Une fenêtre qui est la bienvenue dans le paysage médiatique actuel.

Offerte gratuitement sur Illico Vidéotron (position 199) jusqu'en janvier prochain (elle sera ensuite incluse dans un bouquet de chaînes), France 24 - que d'aucuns ont baptisé le CNN français - nous offre à nous, Québécois, une autre perspective sur l'information internationale. Et en français, contrairement à BBC, Al Jazeera et CNN.

Au Québec, les chaînes d'information continue, LCN et RDI, sont très centrées sur l'actualité québécoise. France 24, elle, embrasse le monde. Comme la BBC, elle s'intéresse de près à ce qui se passe en Afrique, mais aussi au Moyen-Orient, en Haïti et en Australie. Sa grille horaire propose non pas un, mais deux bulletins de nouvelles sur l'Afrique chaque jour.

Sa patronne, Marie-Christine Saragosse, insiste d'ailleurs sur l'importance de la solidarité entre pays francophones. Présidente de France Médias Monde, un groupe créé en 2008 qui chapeaute, outre France 24, Radio France Internationale (RFI) et Monte Carlo Doualiya (une radio française de langue arabe), Mme Saragosse était de passage à Montréal cette semaine dans le cadre d'une conférence internationale sur l'avenir des médias francophones sous l'égide de l'Organisation internationale de la Francophonie. Comme ses collègues francophones, elle a les yeux tournés vers l'Afrique.

S'adapter à la réalité africaine

En effet, comme nous l'écrivions dans cette rubrique en juillet dernier, c'est en Afrique que se trouve le plus grand potentiel de croissance pour les médias francophones, une chose que les Chinois ont comprise depuis longtemps, eux dont les médias sont déjà présents sur le continent, en français et en anglais. Les Français, quant à eux, commencent tranquillement à proposer leurs contenus et leurs médias aux Africains.

«L'Afrique progresse rapidement. Mais on n'est pas dans les mêmes niveaux de développement qu'en Occident. Oui, la mobilité est en expansion foudroyante. Mais la bande passante demeure un problème. C'est cher, les ordinateurs aussi sont chers, et le WiFi est inexistant», explique Marie-Christine Saragosse, en entrevue à La Presse.

La patronne de France Médias Monde explique que son groupe s'est adapté à l'Afrique en développant des applications radio sans données enrichies pour que les gens puissent écouter la radio sur un téléphone sans que cela coûte trop cher. «On a également des accords pour que la radio soit diffusée par téléphone cellulaire, pas nécessairement intelligent. Bref, on essaie de s'adapter.»

Et c'est sans compter que le français est loin d'être la langue dominante sur le continent africain. «En Afrique francophone, le français est une langue véhiculaire, pas la langue maternelle, explique Mme Saragosse. Notre rôle à nous, comme média, est de créer des outils d'apprentissage du français à partir des langues africaines pour maintenir la francophonie vivante.»

Le Téléjournal contre le 22 h de TVA

Depuis la rentrée, les deux principales chaînes de télé généralistes se livrent une lutte serrée pour les cotes d'écoute des bulletins de nouvelles de fin de soirée. Alors que traditionnellement, TVA menait la course (il y a 10 ans, son bulletin attirait trois fois plus de téléspectateurs que celui de Radio-Canada), voilà que son nouveau bulletin de 22 h s'est fait battre deux fois par le Téléjournal cette semaine (mardi, le TJ attirait 384 000 personnes en direct, contre 365 000 pour TVA). La nouvelle formule de TVA, basée sur le commentaire, serait-elle responsable de cette baisse de fréquentation? Les auditeurs de TVA ont-ils migré vers le talk-show En mode Salvail sur les ondes de V, talk-show qui attire de 250 000 à 300 000 personnes chaque soir? À Radio-Canada, le patron du TJ, Guy Gendron, se réjouit: «Nous avons choisi de miser sur l'explication et l'analyse, dit-il. Les cotes d'écoute montrent bien qu'à 22 h, il y a encore des gens désireux de s'informer.»

Amazon en «vrai»

C'est le monde à l'envers! Alors qu'aux États-Unis, on impute souvent la fermeture des librairies au géant virtuel Amazon, voilà que ce dernier s'apprêterait à ouvrir un «vrai» magasin. Selon le Wall Street Journal, Amazon prévoit ouvrir une boutique pop-up à Manhattan pour le temps des Fêtes. Elle se trouverait à quelques pas de l'Empire State Building. L'espace, qui selon plusieurs sites américains aurait l'allure d'un petit entrepôt, permettrait aux clients d'aller recueillir les articles commandés le même jour.

S'informer en jouant

Al Jazeera ne cesse d'innover. Après le lancement de son application mobile AJ+ qui permet de suivre l'actualité en direct, la chaîne qatariote a lancé il y a quelques semaines Pirate Fishing, un jeu web dont vous êtes le héros-journaliste. Basé sur un documentaire de la journaliste Juliana Ruhfus, Pirate Fishing nous propose d'enquêter sur un sujet on ne peut plus sérieux, la pêche illégale en Sierra Leone et ses répercussions sur les collectivités locales. Le joueur est invité à mener une enquête journalistique interactive durant laquelle on amasse des indices tout en s'informant. Brillant.