On lit souvent que les réseaux sociaux peuvent nous faire sentir malheureux, que notre exposition au bonheur des autres peut contribuer à nous faire sentir misérables. Mais sur quoi se base-t-on pour faire de telles affirmations?

Probablement sur le genre d'études qu'a réalisées Facebook en janvier 2012. Sans aviser les usagers, les chercheurs au service de l'entreprise, de pair avec des chercheurs des Universités de la Californie à San Francisco et Cornell, ont manipulé le fil de nouvelles de 689 003 utilisateurs de Facebook. Chez certains, on a retiré les nouvelles à connotation positive et chez d'autres, les nouvelles à connotation négative. On voulait savoir si cela aurait un impact sur l'humeur des usagers. Dans le jargon, on appelle ça la «contagion émotionnelle».

Au total, plus de trois millions de messages ont été analysés (Facebook Canada n'a pu confirmer à La Presse s'il y avait des Canadiens au nombre des «cobayes»).

Résultat de l'étude: ce qu'on lit sur Facebook influence notre humeur. Les usagers exposés à des nouvelles négatives ont eu tendance à écrire eux-mêmes des statuts plus négatifs et ceux qui ont été exposés aux nouvelles positives avaient tendance à écrire des statuts plus positifs.

On dira qu'il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. En effet, Facebook n'est pas le seul à mener des expériences du genre auprès de ses usagers. Google - pour ne nommer que celui-là - étudie souvent le comportement de ses utilisateurs pour dégager des tendances.

Mais voilà, la réaction à l'étude de Facebook a été plutôt négative. Ce qui a surtout choqué, ce n'est pas l'étude comme telle, mais le fait qu'on l'ait réalisée sans demander la permission aux «participants», qui le sont devenus malgré eux.

Plusieurs y ont vu non seulement un abus de confiance, mais une intrusion dans leur vie privée. Et comme Facebook n'a pas très bonne réputation dans ce domaine, disons que la pilule a mal passé auprès du public.

Une crise d'image

Pour Facebook, la parution de cette étude le mois dernier est donc devenue une véritable crise de relations publiques. Même Sheryl Sandberg, directrice des opérations de Facebook, a dû s'excuser lors d'une entrevue qu'elle accordait à la télévision indienne.

Le réseau social s'est d'abord défendu en disant que les conditions de confidentialité publiées sur son site ont été respectées. En effet, Facebook se donne le droit d'utiliser les données de ses abonnés pour «améliorer son service».

Cette affirmation a toutefois été contestée. En effet, selon les règles fédérales américaines, lorsque des universitaires participent à une étude (c'est le cas dans l'étude de Facebook), elles doivent se soumettre à des règles éthiques bien précises. Les sujets doivent entre autres donner leur consentement, ce qui n'a pas été le cas ici.

Au Canada, le commissaire à la vie privée s'inquiète des façons de faire de Facebook. Au début du mois, son porte-parole a déclaré au Globe and Mail qu'il poserait des questions à l'entreprise dirigée par Mark Zuckerberg. Vérification faite cette semaine par La Presse, aucune démarche n'a encore été entreprise. Ce ne serait toutefois pas la première fois que l'organisme canadien interpellerait Facebook. En 2009, à la suite de représentations de la commissaire à la vie privée Jennifer Stoddart, Facebook avait accepté de resserrer ses règles à propos de la protection des renseignements personnels. Peut-être la commissaire réussira-t-elle à convaincre Facebook d'être plus transparent lorsqu'il «joue» avec les émotions de ses abonnés?

Journalistes et Coupe du monde

L'organisme Reporters sans frontières (RSF) a publié son bilan de la couverture journalistique de la Coupe du monde de soccer qui vient de prendre fin au Brésil. Au total, 38 journalistes ont été brutalisés entre le 12 juin et le 13 juillet, selon RSF, la plupart lorsqu'ils ont couvert les manifestations à Rio, le 13 juillet, jour de la finale. Un Canadien est au nombre des journalistes malmenés. Il s'agit de Jason O'Hara, un photoreporter pigiste qui affirme avoir reçu des coups de pied au visage de la part de membres de la police militaire.

Rappelé de Gaza, retourné à Gaza

Plus tôt cette semaine, NBC a essuyé un feu de critiques après avoir rappelé son journaliste Ayman Mohyeldin de Gaza, prétextant des raisons de sécurité. Considéré comme le plus expérimenté pour couvrir le conflit israélo-palestinien, seul à parler arabe au sein de NBC, Mohyeldin a été rapatrié après avoir été témoin de la mort de quatre gamins tués par des tirs israéliens avec qui il jouait sur la plage quelques minutes auparavant. Toutes les interprétations sur les motifs de cette décision ont circulé dans les réseaux sociaux, jusqu'à ce que le principal intéressé annonce vendredi son retour à Gaza.