Dès lundi, la journaliste Paule Beaugrand-Champagne deviendra la première femme présidente du Conseil de presse du Québec (CPQ), succédant à l'honorable John Gomery qui occupait ce poste depuis quatre ans. Très respectée au sein du milieu journalistique, Mme Beaugrand-Champagne, aujourd'hui à la retraite, a connu une longue carrière de reporter, mais surtout de cadre dans le secteur de l'information. Rares sont les médias où elle n'a pas travaillé au cours des dernières décennies. Elle a dirigé L'actualité, Télé-Québec, Le Journal de Montréal, la salle de nouvelles de Radio-Canada et RDI. Elle a également occupé des postes de décision dans les salles de rédaction du Devoir et de La Presse. Entrevue.

Q: Qu'est-ce qui vous intéressait dans ce poste?

R: Je suis à la retraite depuis six ans, j'acceptais des contrats de consultante mais j'avais envie d'être plus active. J'ai toujours été passionnée par les questions d'éthique, de déontologie et de droit à de l'information de qualité. J'avais envie de m'y consacrer plus sérieusement.

Q: Comment voyez-vous le rôle du Conseil de presse aujourd'hui?

R: Je crois qu'au fil des ans, son rôle est demeuré le même, soit d'informer, d'éduquer et de vulgariser. Ce qui change dans les médias, ce sont les moyens pour faire du journalisme qui viennent mêler les cartes, comme les réseaux sociaux par exemple, ou le fait que La Presse songe à abandonner le papier. Dans les deux cas, cela change le portrait de l'information. Il faut s'assurer que le métier et les valeurs qui le guident ne changent pas, eux. La situation d'aujourd'hui me rappelle celle que nous avons vécue lorsque l'information continue est arrivée. Les moyens et le rythme avaient changé, il a fallu s'adapter mais sans faire de compromis sur nos valeurs et notre déontologie.

Q: Le Globe and Mail - qui négocie actuellement un nouveau contrat de travail avec ses journalistes - voudrait que ces derniers acceptent d'écrire des contenus rédactionnels commandités par des annonceurs. Que pensez-vous de cette incursion de plus en plus forte de la publicité dans le contenu rédactionnel?

R: Je comprends que les médias cherchent par tous les moyens à se financer. J'ai longtemps travaillé en magazine et quand on préparait un dossier sur les REER, par exemple, les représentants publicitaires le savaient et vendaient de l'espace en conséquence. Mais il n'y avait aucune influence de l'un sur l'autre. Pourvu que le contenu soit protégé et que la rédaction d'un média soit la seule responsable du contenu, si une entreprise veut s'y associer sans droit de regard, je n'y vois pas de problème.

Q: Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour les quatre prochaines années?

R: J'en ai plusieurs mais c'est certain que j'aimerais que tous les joueurs des médias soient membres du Conseil. (NDLR: À l'heure actuelle, Québecor et Radio-Nord ne le sont pas.) Je vais travailler très fort là-dessus.