Après quinze mois seulement passés à ce poste, Natalie Nougayrède a annoncé mercredi qu'elle quittait ses fonctions de directrice du Monde, conséquence du bras de fer qui l'opposait depuis plusieurs semaines à sa rédaction.

Dans un texte envoyé à l'AFP, elle explique n'avoir «plus les moyens d'assurer en toute plénitude et sérénité» ses fonctions. «La volonté de certains membres du Monde de réduire drastiquement les prérogatives du directeur du journal est pour moi incompatible avec la poursuite de ma mission», souligne-t-elle.

«Je ne peux consentir à l'effacement du poste de directeur du journal, sous le prétexte des circonstances», ajoute-t-elle. Vendredi, ses deux adjoints, Vincent Giret et Michel Guerrin, également mis en cause par une partie de la rédaction, avaient déjà décidé de quitter leurs fonctions.

«Les attaques directes et personnelles à l'encontre de la direction et de mon action m'empêchent de mettre en oeuvre le plan de transformation que j'ai soumis aux actionnaires et qui nécessite un accord large des rédactions, dans l'intérêt supérieur du journal», poursuit Natalie Nougayrède.

La Société des rédacteurs du Monde devait rencontrer les actionnaires ce mercredi à 15 h, et un directeur intérimaire devrait être rapidement choisi, comme le prévoient les statuts du journal.

La semaine dernière, la crise au sein du journal avait pris de l'ampleur et la rédaction avait adressé à Natalie Nougayrède un message de défiance. Sept des dix rédacteurs en chef du journal avaient également annoncé qu'ils démissionnaient de leur poste.

Les journalistes reprochaient à Natalie Nougayrède, 46 ans, un mode de gestion «solitaire», l'accusant «de n'écouter personne».

Le mouvement de contestation avait été déclenché par l'annonce en février d'un plan de mobilité prévoyant le passage sur la rédaction numérique d'une cinquantaine de postes.

La crise au sein du quotidien a poussé Louis Dreyfus, le président du directoire, à ralentir la cadence des réformes. Il a annoncé que le plan de mobilité serait prolongé jusqu'à fin septembre au lieu de fin juin. Il a reprécisé les réformes éditoriales en cours: la nouvelle formule papier prévue pour juin est repoussée à la fin septembre et devra s'articuler avec une éventuelle édition du matin pour mobiles.