L'opposition a appelé le gouvernement Harper à repenser le financement de Radio-Canada, hier, dans la foulée de l'appui- surprise de Pierre Karl Péladeau au diffuseur public.

L'ancien patron de Québecor, élu sous la bannière du Parti québécois le mois dernier, a publié une lettre ouverte remarquée, hier, pour signifier son appui à la Société Radio-Canada. Il a attribué les coupes récemment annoncées par la direction aux compressions du gouvernement Harper.

«Encore une fois, Ottawa a manqué une occasion de prendre acte de la spécificité du Québec», a dénoncé M. Péladeau dans la lettre qu'il a cosignée avec le député Stéphane Bergeron.

La sortie en a surpris plusieurs, M. Péladeau ayant maintes fois critiqué le diffuseur alors qu'il dirigeait Québecor.

Mais le député du Nouveau Parti démocratique, Pierre Nantel, ne doute guère de la sincérité du nouveau député.

«C'est la preuve même que tout le monde peut changer d'avis, a-t-il observé. Même un gars comme M. Péladeau, qui n'a certainement pas donné une chance à Radio-Canada dans les dernières années, aujourd'hui considère que ça va trop loin.»

M. Nantel espère que la sortie de PKP aidera le gouvernement Harper à repenser le financement de la SRC. Il s'agit, après tout, d'un homme d'affaires que les conservateurs ont «admiré et soutenu», a-t-il dit.

Pas une décision du gouvernement

Aux Communes, le NPD a sommé la ministre du Patrimoine, Shelly Glover, de comparaître devant un comité parlementaire pour discuter du financement de la SRC. La ministre s'est montrée ouverte à la demande, mais elle refuse que le gouvernement conservateur porte le blâme pour les récentes coupes, qui entraîneront la mise à pied de 657 personnes.

«C'était une décision de Radio-Canada et non du gouvernement, a affirmé Mme Glover. Nous donnons un fonds significatif à Radio-Canada au nom des contribuables. Ils ont suffisamment d'argent pour desservir leur mandat sous la Loi sur la radiodiffusion. Encore une fois, c'est une question pour CBC/Radio-Canada et pas pour le gouvernement.»

Le député du Bloc québécois Jean-François Fortin estime que la sortie de M. Péladeau accentue la pression sur le gouvernement conservateur.

«Il rajoute du poids aux demandes à la fois du Syndicat des communications de Radio-Canada et de M. [Hubert] Lacroix [président de la SRC] qui dit qu'il faut une commission d'enquête sur l'avenir de Radio-Canada, sur le financement de Radio-Canada et sur le mandat de Radio-Canada», a observé M. Fortin.

Le chef du Parti libéral, Justin Trudeau, a déploré les coupes à la SRC et rappelé que son parti milite pour «une télévision publique qui lie les Canadiens ensemble d'un bout à l'autre du pays».

«Je ne suis pas quelqu'un qui va juger de la sincérité de M. Péladeau», a-t-il indiqué hier.

Compressions

La direction de la SRC a annoncé des compressions de 130 millions le mois dernier pour compenser les baisses de revenus associées à la perte du droit de diffuser les matchs de la Ligue nationale de hockey (LNH).

L'annonce est survenue deux ans après la suppression de 650 postes sur trois ans, conséquence de la réduction des crédits parlementaires de 115 millions imposée par le gouvernement Harper.

En 2009, à la suite d'un autre manque à gagner de 171 millions, M. Lacroix a annoncé une réduction de personnel pouvant «aller jusqu'à 800 postes».