Vos commentaires ne sont plus bienvenus. C'est ce que le magazine Popular Science a annoncé à ses lecteurs la semaine dernière. La direction de la publication qui couvre le monde de la science et de la technologie depuis 1902 a décidé de ne plus publier de commentaires à la suite des articles sur son site web parce que, dit-elle, «ils nuisent à la science». Des études démontreraient en effet que les commentaires négatifs peuvent induire les lecteurs en erreur.

«Ce n'est pas une décision que nous avons prise à la légère, écrit en substance la responsable du contenu en ligne, Suzanne LaBarre. Comme magazine scientifique, nous avons le devoir de susciter des débats intellectuels vivants et enrichissants. Le problème, ce sont les trolls qui nous empêchent de le faire.»

Popular Science est loin d'être la seule publication aux prises avec des trolls et des commentateurs hargneux. Tous les médias qui ont une présence sur le web connaissent cette réalité qui peut parfois tourner au cauchemar. La majorité n'emploie pas des méthodes aussi draconiennes que Popular Science, mais chacun tente de mettre de l'avant une solution pour résoudre le problème.

Chez YouTube (reconnu pour attirer les pires commentaires sur le web), propriété de Google, il faut avoir un profil Google+ pour pouvoir s'exprimer publiquement. Les commentaires de vos contacts ainsi que certains commentaires de personnalités identifiées par Google se retrouvent en tête de liste, les plus désagréables sont relégués vers la fin.

On a adopté une approche similaire au Huffington Post qui exige désormais de ses lecteurs qu'ils s'inscrivent avec leur profil Facebook pour avoir droit de commenter les blogues. Quant au site Gawker, il a carrément créé une nouvelle plateforme qui réunit blogueurs et commentateurs. Cela permet aux commentateurs de s'illustrer si leurs propos sont pertinents et appréciés de la communauté Gawker. Les meilleurs commentaires sont mis en vedette et génèrent à leur tour d'autres commentaires. Grâce à cette approche, certains commentateurs assidus ont même décroché un poste de collaborateur chez Gawker. «If you can't beat them...»

Problème universel

Les commentaires agressifs et haineux ne sont pas l'apanage des sites américains, c'est un problème universel. Au Québec, les médias ont adopté toutes sortes de mesures pour empêcher la discussion de déraper. À L'actualité, par exemple, les règles sont strictes : les lecteurs doivent s'inscrire pour pouvoir laisser un commentaire qui devra obtenir le feu vert d'un modérateur avant d'être publié. Non seulement les propos sexistes, racistes et homophobes sont-ils proscrits - une évidence - , mais les commentaires «non pertinents, insultants, ou tout simplement bêtes ne sont pas publiés», explique le rédacteur en chef web de lactualite.com, Philippe Gohier.

À La Presse, la modération des commentaires de blogues a été confiée à une entreprise française qui assure aussi la modération des blogues du journal Le Monde et du Nouvel Observateur. «On leur a fourni une charte qui énumère, entre autres, les sacres et les expressions proscrites. La méthode n'est pas efficace à 100 %, mais en gros, ça fonctionne. Certains blogueurs préfèrent toutefois modérer eux-mêmes leur blogue. Malheureusement, il n'existe aucun filtre contre les commentaires insignifiants. Leurs auteurs doivent s'assumer», explique Yann Pineau, directeur principal amélioration continue à La Presse.

À l'ère de la grande conversation planétaire, les commentaires peuvent contribuer à enrichir le débat. Parfois, comme dans certaines expériences menées au Guardian, par exemple, les lecteurs peuvent carrément participer à la fabrication d'un reportage par leurs connaissances sur un sujet ou leur expérience d'une situation. Mais trop souvent, les commentaires dégénèrent et le dialogue se transforme en foire d'empoigne, les commentateurs utilisant le forum qui leur est offert pour ventiler leur frustration à propos de tout et de rien. Résultat : les gens plus posés qui ont des choses à dire préfèrent s'abstenir.

Comme le dit avec ironie le compte Twitter @AvoidComments (éviter les commentaires) : « Oui, il arrive parfois que la section commentaires contienne des propos réfléchis et des échanges raisonnables. Mais voulez-vous vraiment prendre ce risque?»

Kiosque virtuel

Dès le 15 octobre, Rogers offrira une version canadienne de Next Issue, une application mobile qui permettra de s'abonner à plusieurs magazines canadiens et américains (Vogue, The New Yorker, Time, Maclean's) pour une somme qui oscillera entre 10 et 15 $. Cette nouvelle filiale de Rogers sera dirigée par Ken Whyte, mieux connu pour sa carrière dans la presse écrite (il a dirigé le National Post et le Maclean's). Une version française de ce kiosque virtuel devrait être lancée en 2014.

Topo express

Un reportage de six secondes ? C'est ce que le site de nouvelles en ligne NowThisNews.com propose depuis qu'il a embauché Cody Johns, un jeune vidéaste-journaliste qui a pour tâche de présenter des microreportages sur l'actualité à l'aide de Vine. Cette application mobile, propriété de Twitter, permet de réaliser de courtes vidéos de six secondes maximum. C'est ce qui s'appelle avoir l'esprit de synthèse.