Pendant que Bell et Québecor se disputent devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), la télévision, elle, continue d'évoluer.

Jeudi dernier, YouTube a lancé 53 chaînes payantes, une première pour ce site qui a toujours offert gratuitement ses contenus. Il s'agit d'un essai qui propose aux utilisateurs de débourser 99 cents par mois pour avoir accès à des chaînes comme Sesame Street, National Geographic et TNY, mieux connue sous le nom de The Young Turks. Sur Sesame Street, par exemple, on peut visionner des épisodes complets et avoir accès à des archives. National Geographic offre pour sa part des documentaires qui sont également diffusés sur sa chaîne câblée. On peut faire l'essai de ces chaînes gratuitement durant 14 jours avant de s'abonner.

On s'entend, en terme de qualité, on est loin, très loin de The House of Cards, une série dramatique mettant en vedette Kevin Spacey et produite exclusivement pour Netflix. Pour l'instant, on parle de contenus mineurs et même, dans le cas de The Young Turks, de contenus jusqu'ici offerts gratuitement sur le web.

Pourquoi payer dans ce cas?

Il ne fait pas de doute qu'il s'agit d'un test pour YouTube, qui a créé un peu plus tôt cette année une unité de productions originales. Sans doute que d'ici quelques années, on offrira donc des émissions exclusives à YouTube pour un prix inférieur à celui des chaînes câblées. Pour la génération de jeunes très «mobiles», dont la vie passe essentiellement par l'ordinateur et le téléphone intelligent, cette offre sera tentante. Plus besoin de télévision traditionnelle ni d'abonnement coûteux au câble pour regarder la télé.

Pour l'instant, il n'y a rien d'époustouflant dans les chaînes payantes qu'offre YouTube, mais le cas de The Young Turks est intéressant.

Succès 100% web, cette chaîne d'information et de documentaires lancée au début des années 2000 propose des émissions d'information, des magazines culturels et, surtout, une émission de commentaires politiques absolument pas «politically correct», animée par Cenk Uygur, et qui est très populaire sur le web.

On peut penser que les fidèles de The Young Turks seront peut-être prêts à débourser quelques dollars par année pour regarder leur émission préférée.

Cette percée de YouTube dans l'univers de la production de contenus vidéo est un pas de plus vers la nouvelle réalité qui est en train de transformer l'industrie de la télé.

Une industrie qui devra s'habituer à l'idée que la télé sur le web n'est pas soumise à la réglementation et aux quotas de contenu canadien, par exemple.

Dans ce contexte, YouTube pourra bientôt rivaliser avec les grands réseaux canadiens comme CBC, Radio-Canada ou TVA. Cette possibilité est moins menaçante du côté francophone, l'offre de YouTube étant majoritairement anglophone, mais pour le Canada anglais, qui peine déjà à se distinguer par rapport au voisin américain, l'arrivée de YouTube - et de n'importe quel nouveau joueur - n'a rien de réjouissant.

Sur quel terrain se livrera cette éventuelle bataille? Sur le terrain politique, en essayant - inutilement - de réglementer le web? Ou sur le terrain de la qualité, en multipliant les efforts pour offrir au public un si bon contenu qu'il choisira l'offre locale plutôt qu'étrangère? Espérons que la seconde réponse soit la bonne.

#ON NOTE

La remise des prix Numix, qui récompensent les meilleures productions multimédias, avait lieu la semaine dernière. Parmi les gagnants de cette quatrième présentation, Alphée des étoiles, Tu m'aimes-tu ainsi que les webséries Émilie et Deep. Au total, 160 oeuvres avaient été soumises et 22 prix ont été remis. Pour consulter la liste complète des gagnants: numix.ca