Chaque matin, les lecteurs du tabloïd britannique The Sun trouvent une fille à la poitrine dénudée en page 3 de leur journal. Cette pratique hyper sexiste mise en place dans les années 70 est une des marques de commerce du journal qui appartient au magnat de la presse Rupert Murdoch, le même qui possède le très sérieux Times of London ainsi que le prestigieux Wall Street Journal.

Or, il se pourrait bien que Rupert Murdoch cède à la pression populaire et retire une fois pour toutes cette photo jugée dégradante par bon nombre de lecteurs, femmes ET hommes.

En effet, il y a quelques semaines sur Twitter, en réponse à quelqu'un qui l'interpellait à ce sujet, en qualifiant cette pratique de «tellement siècle dernier», M. Murdoch a répondu: «You may be right, don't know but considering. Perhaps halfway house with glamorous fashionistas

Comment expliquer qu'en 2013, on publie toujours des photos de filles sexy pour attirer les lecteurs? On pourrait se consoler en se disant que la pratique existe seulement en Angleterre, pays où les tabloïds rivalisent de gros titres accrocheurs et de photos-chocs pour se distinguer de la compétition, mais la photo de la fille sexy dans un journal censé informer existe aussi chez nous, au Canada.

En effet, les lecteurs des journaux Sun (Toronto, Edmonton, Ottawa), propriété de Pierre Karl Péladeau, ont droit tous les jours à leur Sunshine girl, fille très légèrement vêtue adoptant une pose hyper suggestive tout droit sortie d'une publicité de boutique érotique ou de bande-annonce de film porno. La galerie photo des journaux Sun ressemble d'ailleurs davantage à un site porno qu'à la page web d'un quotidien digne de ce nom.

Cette pratique est étonnante de la part d'un homme d'affaires qui semble vouloir projeter l'image d'un bon père de famille (il disait récemment vouloir passer plus de temps avec ses jeunes enfants) et qui est en outre le père de deux filles.

En Angleterre, une lectrice du Sun, écoeurée de voir que la fille nue de la page 3 occupait plus d'espace rédactionnel que la médaillée olympique Jessica Ennis lors des Jeux de Londres, a lancé un mouvement pour en finir une fois pour toutes avec cette rubrique. Jusqu'ici, la pétition de Lucy Anne Holmes a recueilli 90 000 signatures. Il faut un certain courage pour s'attaquer au Sun. La députée britannique Clare Short l'a appris à ses dépens, au milieu des années 80, lorsqu'elle s'est levée en Chambre pour dénoncer cette pratique. Le lendemain, elle avait droit à un titre ravageur à la une du Sun: «Fat, jealous Clare brands Page 3 porn».

Encore l'an dernier, l'éditeur du journal a affirmé que la page 3 était une partie intégrante et «innocente» de la vie britannique et que les photos de ces belles jeunes filles ne visaient qu'à célébrer la beauté au naturel...

Il est rassurant de voir que de moins en moins de Britanniques partagent l'avis de l'éditeur du Sun. Sur le site nomorepage3.org, de nombreux témoignages de femmes et d'hommes réfutent cette pratique qu'ils jugent dégradante pour les femmes. Les jeunes scoutes d'Angleterre viennent de se lancer dans le mouvement et demandent à Murdoch de retirer cette promotion quotidienne de la femme-objet. Cette fois sera-t-elle la bonne? À suivre...

#On aime

La première de Dans l'oeil du dragon, lundi 20 h, avec les deux nouveaux dragons Alexandre Taillefer et Serge Beauchemin. Ouch! On peut dire que M. - qui a donné une très bonne entrevue à Tout le monde en parle dimanche dernier - ne tourne pas autour du pot. Ça promet pour cette deuxième saison.

#On aime moins

La première de Mad Men diffusée dimanche sur la chaîne AMC, et qu'on peut regarder sur le site AMC (www.amctv.com/shows/mad-men) pour une période limitée. A-t-on fait le tour ou est-ce que ça décollera au prochain épisode?