Où est l'hélicoptère de TVA quand on en a besoin? La nouvelle de l'évasion de deux prisonniers de la prison de Saint-Jérôme en hélicoptère, dimanche après-midi, a fait le tour du monde. Pas surprenant, puisqu'il s'agissait d'une évasion digne d'un film hollywoodien: détournement de l'hélicoptère, sauvetage à l'aide de corde, suivi d'une gigantesque opération policière, d'arrestations, etc. On imagine la scène. On l'imagine, car il n'existe malheureusement aucune image de cet événement hors de l'ordinaire.

Contrairement aux policiers, qui avisent les journalistes avant de faire une grosse descente ou une saisie de drogue, les prisonniers, eux, n'invitent pas les médias lorsqu'ils préparent une évasion. Résultat: aucun média québécois, canadien ou étranger n'avait la moindre image de cette opération cowboy. Frustrant. Pour reprendre la célèbre boutade d'Yvon Deschamps: «Les gens ne veulent pas le savoir, ils veulent le voir.»

Maxime Landry, reporter habituellement aux commandes de l'hélicoptère de TVA, a tweeté dans l'après-midi: «Hélico TVA en direction de Chertsey. Deux prisonniers qui se sont évadés par hélico sont retranchés, cernés. Histoire digne d'un film!»

Il avait toutefois l'air un peu penaud au bulletin d'information, nous décrivant minute par minute, mais sans images, le déroulement de l'après-midi. Il arrive souvent que les salles de nouvelles reçoivent un appel d'un badaud qui était au bon endroit au bon moment et qui a pu filmer un événement avec son téléphone. Pas de chance cette fois-ci. Le journaliste de Radio-Canada Pascal Robidas a bien tenté de trouver des témoins par l'entremise de Twitter, mais en vain.

À Radio-Canada, comme ailleurs, on s'est donc contenté des images des nombreuses voitures de police qui participaient à l'opération policière. Le journaliste Louis-Philippe Ouimet s'est tout de même réjoui, à la fin de son topo présenté au Téléjournal, du fait qu'il allait accorder une entrevue à la BBC, qui s'intéressait à l'affaire.

Cette nouvelle inusitée a bien entendu fait le tour de la planète: NBC, le New York Times, CNN, le Guardian ont tous parlé de «ces deux fugitifs qui se sont évadés en grimpant à une corde attachée à un hélicoptère», comme l'a écrit le New York Times.

La BBC titrait «Évasion audacieuse de deux prisonniers canadiens par hélicoptère», alors que CNN parlait d'une évasion «particulièrement effrontée si on la compare à d'autres». «Deux prisonniers canadiens arrêtés après une évasion spectaculaire», titrait pour sa part l'Associated Press - un texte repris par plusieurs médias, dont The Guardian.

Bref, à défaut de le voir, on l'a su. Pour les images, il faudra attendre le film.

#nesignezpas

La situation des journalistes pigistes n'est pas rose. Leur cachet n'a pas vraiment augmenté depuis 20 ans, ils ont peu de pouvoir de négociation et le marché des magazines au Québec est tout petit et très concentré.

Dans ce contexte, le nouveau contrat que leur propose Transcontinental Media est reçu comme une gifle. Depuis la semaine dernière, l'éditeur d'Elle Québec, Coup de pouce et Les Affaires exige de ses pigistes qu'ils signent un contrat dans lequel ils doivent céder tous leurs droits (y compris les droits moraux), et ce, pour toutes les plateformes de diffusion.

Cela signifie entre autres qu'ils perdent leurs droits de redevances lorsque leur texte est photocopié à 1000 exemplaires dans les écoles. Et que Transcontinental peut réutiliser un texte en entier ou en partie sans en identifier l'auteur.

L'Association des journalistes indépendants (AJIQ), qui célèbre ses 25 ans cette année, mène la campagne #nesignezpas dans les réseaux sociaux et en discutera ce soir lors de son assemblée annuelle.

Pour en savoir plus, consultez le mot-clic #nesignezpas sur Twitter.