Dans la foulée de la fusion Bell-Astral qui obligerait Bell à se défaire de certaines chaînes de télé, on a appris que MusiquePlus, la station vidéo qui nous a fait découvrir Véronique Cloutier, Geneviève Borne et Marie Plourde, serait probablement vendue aux enchères.
Qui pourrait bien acheter MusiquePlus et pourquoi? À la blague, des anciens VJ ont lancé sur Facebook l'idée de l'acheter en groupe. Sérieusement, on peut se demander quel serait l'intérêt d'acquérir une chaîne qu'on identifie encore à la diffusion de vidéoclips. Si vous avez des jeunes à la maison, vous savez qu'ils regardent désormais les clips sur YouTube ou encore qu'ils les découvrent sur le mur Facebook de leurs amis. Les cotes d'écoute de MusiquePlus confirment sa faible popularité: avec 0,5% de parts de marché (BBM), elle est à peine plus regardée que la télévision communautaire MAtv et moins regardée que MétéoMédia.
En fait, au cours des dernières années, MusiquePlus a essayé d'attirer les jeunes avec des téléréalités trash comme Bienvenue à Jersey Shore ou L'incroyable famille Kardashian. Le même phénomène s'observe aux États-Unis: MTV, qui a déjà été LA référence pour les jeunes - même les candidats à la présidence des États-Unis s'y arrêtaient durant leur campagne - diffuse beaucoup d'émissions de téléréalité médiocres. Dans les deux cas, c'est loin d'être un succès retentissant.
Cela dit, ce serait dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain. En effet, même s'il y a plusieurs piètres émissions, il y a aussi dans la programmation actuelle de MusiquePlus des éléments de qualité.
À commencer par Claude Rajotte, un véritable trésor national dont la critique du dernier disque d'Anik Jean - une affaire réglée en 51 secondes top chrono - est devenue virale dans les réseaux sociaux. Cet érudit à l'humour décapant ne doit pas perdre son micro. Il y a aussi M. Net, animé par Denis Talbot et ses collaborateurs, une référence dans le monde de la techno. Débat critique, une émission où on discute de sujets culturels, vaut également le coup d'oeil.
Bref, un éventuel acheteur de MusiquePlus, s'il voulait proposer parallèlement un volet web plus substantiel, pourrait offrir un contenu alternatif de qualité et un ton plus cinglant à un public de jeunes adultes mal servi par la télé généraliste.
Un regroupement de producteurs pourrait également se porter acquéreur de MusiquePlus. Il ne faut pas négliger le fait que les studios sont encore l'épicentre d'événements musicaux: souvenons-nous de la visite de One Direction l'an dernier ou du miniconcert d'Of Monsters and Men en direct des studios de la rue Sainte-Catherine. Super bien située dans le Quartier des spectacles, la vitrine de MusiquePlus n'a pas complètement perdu son pouvoir d'attraction. C'est une marque de commerce sur laquelle on peut encore miser.
Dans son blogue l'autre jour, le collègue du Soleil Richard Therrien émettait l'idée que MusiquePlus soit racheté par Québecor. Idée intéressante quand on sait que l'ancien patron de la station, son père spirituel en quelque sorte, Pierre Marchand, est aujourd'hui président d'Archambault, une filiale de Québecor. Il saurait quoi faire avec les installations...
Québecor pourrait utiliser MusiquePlus pour développer des nouveaux talents et recycler ses émissions de téléréalité artistiques comme La voix et Star Académie. Peut-être sont-ils en train d'y penser...
Chose certaine, malgré les problèmes des dernières années, MusiquePlus n'est pas une coquille vide. Elle a encore du potentiel. Qui dit mieux?
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