Ce n'est peut-être pas une surprise totale, mais la nouvelle a tout de même créé une onde de choc. Hier matin, l'éditrice de l'hebdomadaire Newsweek, Tina Brown, a annoncé que l'édition papier du 31 décembre prochain sera la dernière. La nouvelle formule, qui devrait être lancée au début de 2013, se nommera Newsweek Global et concentrera ses activités sur le web et sur les tablettes numériques.

Dans un environnement où l'industrie de l'imprimé est en difficulté et cherche de nouveaux modèles d'affaires, la version papier de Newsweek était devenue une activité déficitaire. Newsweek Global devra convaincre les quelque 1,5 million d'abonnés de l'édition papier de se convertir au numérique. Pour l'instant, Newsweek compte moins de 30 000 abonnés à sa version en ligne. On ne sait pas encore combien d'employés seront licenciés, mais les pertes d'emplois seront inévitables.

«Il n'y a pas un seul professionnel de l'édition qui, au cours des quatre dernières années, ignorait que Newsweek était fini, kaput, terminé», a écrit hier l'observateur des médias Michael Wolff, dans sa chronique publiée sur le site du quotidien The Guardian. «Ce qui est incroyable c'est que des gens aient voulu croire le contraire.»

Il est vrai que tout n'était pas rose chez Newsweek. Racheté au Washington Post en 2010 par le magnat Sydney Harman, le magazine avait été confié à Tina Brown, ex-éditrice du Vanity Fair et du New Yorker. Il y a quatre ans, Tina Brown a lancé The Daily Beast, site d'information quotidien semblable à The Huffington Post, qu'elle a fusionné à Newsweek deux ans plus tard. Résultat: un magazine au contenu de moins en moins pertinent et souvent superficiel malgré les nombreux efforts pour attirer l'attention avec des premières pages qui attiraient surtout la moquerie et la controverse. Après la mort du magnat Sydney Harman, le printemps dernier, sa succession a annoncé qu'elle n'investirait pas un sou de plus dans l'aventure.

Le nouveau propriétaire, l'homme d'affaires Barry Diller, n'y croyait plus lui non plus.

Il reste à voir si les lecteurs seront prêts à payer pour un contenu en ligne, ou si les dirigeants de l'hebdomadaire ne font qu'acheter du temps, en repoussant de quelques mois la disparition définitive du nom Newsweek.