On peut sortir l'homme du journalisme, mais on sort moins facilement le journaliste de l'homme. Au cours des dernières années, Jean-François Lisée s'est créé un bassin de lecteurs fidèles qui consultaient religieusement son blogue sur le site du magazine L'actualité.

Le blogueur Lisée était assidu: deux ou trois interventions quotidiennes, parfois plus. Sans compter une présence intense sur le réseau social Twitter. Élu député le 4 septembre dernier, puis nommé ministre des Affaires internationales, de la Francophonie, du Commerce extérieur et de la Métropole dans le cabinet de Pauline Marois, Lisée aurait pu disparaître de la blogosphère, du moins jusqu'aux prochaines élections. Mais c'était mal le connaître. Au cours des dernières semaines, Jean-François Lisée a déménagé son blogue à une nouvelle adresse (jflisee.org) et continue de bloguer presque tous les jours.

Bien sûr, le contenu de ses blogues a changé. Il ne peut plus analyser l'actualité de la même façon qu'avant ou proposer à ses lecteurs une image humoristique au beau milieu de l'après-midi (bien qu'il ait promis qu'il continuerait à le faire à l'occasion...).

Il a donc décidé de suivre les traces d'autres politiciens (pensons à Alain Juppé et François Fillon en France) en nous racontant sa nouvelle vie de politicien.

Bien sûr, Jean-François Lisée, qui a tout de même pris la peine d'aviser la première ministre qu'il allait continuer d'animer son blogue, ne dit pas tout. Vous n'apprendrez pas ce qui s'est dit au Conseil des ministres avant que le ministre des Finances, Nicolas Marceau, annonce qu'il recule sur la taxe santé, tout comme vous ne saurez pas quelle a été la réaction de Pauline Marois à la sortie de Marie Malavoy sur les examens d'admission dans les collèges privés.

«Comme je l'ai écrit dans mon premier billet du nouveau blogue, la liberté d'expression d'un ministre n'est pas totale, explique par courriel Jean-François Lisée, joint par La Presse au Congo. Il [le ministre] use d'une partie de cette liberté dans les rencontres internes avec le caucus et le Conseil des ministres et se solidarise des décisions du groupe. Mais j'estime qu'on peut faire preuve de plus de transparence que dans le passé et garder un contact direct avec les citoyens.»

Le blogue de Lisée ressemble donc à un journal personnel dans lequel le nouveau ministre couche ses impressions, les anecdotes du quotidien (le bonheur de ne plus avoir à stationner une auto, par exemple) et ses réflexions sur le travail d'un politicien (on se doute bien qu'une autre partie, actuellement censurée, finira un jour dans un livre, mais ça, c'est une autre histoire).

Le ministre voit aussi dans son blogue une façon de communiquer avec sa nouvelle équipe. «C'est une façon supplémentaire de mettre la fonction publique, dans mon cas les artisans de la diplomatie québécoise, un peu plus dans le coup», souligne-t-il. Il ajoute que son blogue lui permet aussi de participer au débat public, d'envoyer des messages, de rectifier une mauvaise perception ou encore d'attirer l'attention sur un texte ou une entrevue. Le ministre s'empresse d'ailleurs de mettre sur son blogue tous les textes ou les entrevues le concernant.

Contrairement à certains blogues de politiciens, celui de Jean-François Lisée n'est pas rédigé par une équipe de communication ou un adjoint dévoué. Alors où prend-il le temps pour écrire ces longs billets? Même son entourage se le demande. «Cela dépend, répond le ministre. Souvent, c'est après que les enfants sont couchés. Parfois, comme récemment, dans l'avion.»

Quelque part entre l'oeuvre pédagogique, le récit anecdotique et le travail de relations publiques, ce blogue est une première au Québec. Et si on se fie aux commentaires, l'exercice de communication semble apprécié. On verra jusqu'où le ministre pourra mener l'expérience.

Qui est sur Twitter?

Une fille anglophone propriétaire d'un iPhone qui compte environ 200 abonnés. C'est le portrait de l'utilisateur type de Twitter, selon une étude réalisée par Beevolve Technologies (beevolve.com), firme basée à Bangalore et spécialisée dans l'analyse et la veille de réseaux sociaux. Au total, on a analysé 36 millions de profils Twitter partout dans le monde. C'est aux États-Unis qu'on trouve le plus grand nombre d'utilisateurs (environ 51%). Le Royaume-Uni est deuxième (environ 17%).

Source: GigaOm