Le Conseil de presse (CDP) a rejeté deux plaintes qui visaient le quotidien La Presse.

La première plainte concernait la photo du cadavre de Salvatore Montagna qui gisait dans la neige après son assassinat à Charlemagne, en novembre 2011. Stéphanie Lanthier a déposé une plainte, le 20 février 2012, pour dénoncer la photo publiée en une du journal au lendemain du meurtre de l'aspirant-chef de la mafia.

La plaignante affirmait que l'intérêt public ne justifiait pas la publication d'une telle photo et que la publication relevait de la curiosité.

Ne pas franchir la limite

Le CDP a rejeté les arguments présentés par Mme Lanthier, mais a reconnu qu'à «cause de leur caractère pénible, les drames humains et les faits divers sont des sujets particulièrement délicats.» En revanche, «la liberté de presse et le droit du public à l'information seraient compromis si les médias s'interdisaient d'en faire état. Dans de tels cas, les médias doivent être attentifs à ne pas franchir la limite entre ce qui est d'intérêt public et ce qui révèle de la curiosité publique», explique le Conseil de presse dans sa décision.

Dans son jugement, le CDP évoque un passage de son guide de déontologie pour justifier sa décision. «Les médias et les journalistes doivent faire preuve de prudence, de discernement et de circonspection. [...] Ils [les médias] doivent éviter tout sensationnalisme dans le traitement de ces événements et prendre garde de leur accorder un caractère démesuré, sinon amplifié, par rapport à leur degré d'intérêt public. Ils doivent éviter de mettre l'accent sur les aspects morbides, spectaculaires ou sensationnels de ces événements».

En lien avec ce passage, le Conseil soutient que La Presse n'a pas manqué de circonspection et n'a pas dépassé les limites raisonnables en publiant la photo de l'assassinat de l'aspirant-parrain de la mafia. Il ajoute que l'image était d'intérêt public.

Informations «inexactes»

Une autre plainte, déposée par Jean-Pierre Maltais, critiquait les articles»La région de Montréal, la plus taxée au Québec» et «Les petites villes écopent plus» publiés en novembre 2011. Le plaignant reconnaissait que les données du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire, utilisées pour réaliser le reportage, étaient exactes. Il était cependant d'avis que les interprétations présentées par le journaliste en faussaient le sens.

Pour s'assurer que les données étaient fiables et qu'elles avaient été correctement utilisées, le CDP a fait appel au directeur du module des sciences de l'administration de l'Université du Québec à Chicoutimi, Vincent Morin.

Après analyse, le CDP a conclu que «le but recherché [du journaliste] n'était pas de faire un palmarès des municipalités, mais de montrer les effets pervers du système actuel et sans avoir déformé le sens des données utilisées.»

Le Conseil a donc rejeté ce deuxième grief. Les plaignants ont 30 jours pour faire appel des décisions.