Il y a un vide dans les médias au Québec. Il y a peu d'émissions ou de publications spécialisées dont le mandat est de décortiquer et d'analyser le travail des médias.

À la télévision, les dernières émissions du genre étaient Médias, à Radio-Canada, animée par la journaliste Line Pagé, et La face cachée de la une, avec Serge Chapleau et Chantal Hébert, à Télé-Québec. Les deux ont quitté les ondes au début des années 2000. Depuis, rien.

Deux émissions, Cliquez (TV5) et La sphère (Première Chaîne, 95,1 FM), traitent du web et des médias sociaux. À l'écrit, le site «Projet J» fait du bon travail, mais, comme le magazine de la FPJQ Le trente (qui a perdu ses moyens et publie très peu de numéros dans une année), il s'adresse avant tout à un auditoire de journalistes.

Bref, outre les chroniques médias des journaux, qui s'adressent à un public plus large, il existe peu de lieux où on analyse le travail journalistique comme on le fait par exemple à l'émission américaine On the Media (NPR) ou à Mediapolis (émission radiophonique hebdomadaire sur Europe 1).

Le Conseil de presse du Québec semble vouloir combler ce vide avec son nouveau webzine lancé il y a environ deux semaines. En effet, le nouveau site web du Conseil est bien davantage qu'une vitrine pour présenter les décisions de ce tribunal d'honneur (c'est auprès du Conseil de presse qu'on dépose une plainte lorsqu'on estime qu'un journaliste n'a pas respecté les règles déontologiques de sa profession), c'est une véritable publication avec un contenu original qui traite de déontologie et de pratiques journalistiques.

Produit par une petite équipe formée du secrétaire général du Conseil, du responsable des communications, de la conseillère juridique et d'une journaliste, ce webzine propose une revue de presse quotidienne, des nouvelles, des entrevues et des reportages originaux.

D'autres collaborateurs se greffent à l'équipe à l'occasion, parmi lesquels le célèbre professeur de journalisme à la New York University, Jay Rosen, qui a accepté qu'on traduise ses chroniques, ainsi qu'Yves Agnès, ancien rédacteur en chef du Monde, qui travaille aujourd'hui à mettre sur pied un observatoire de la déontologie journalistique en France.

«Nous avons pris la décision de développer notre côté pédagogue, explique Guy Amyot, secrétaire général du Conseil de presse. Non seulement nos décisions sont davantage expliquées et vulgarisées, mais, en outre, notre veille déontologique et juridique permet d'informer la population sur les pratiques journalistiques de qualité, les débats déontologiques, etc.»

«C'est assez particulier comme approche, je n'ai pas vu d'initiatives semblables de la part d'autres conseils de presse, poursuit Guy Amyot, qui ajoute que le webzine jouira d'une véritable indépendance éditoriale. On essaie de couvrir large. Dès qu'on tombe sur un sujet à dimension déontologique ou on en parle, que ce soit au Québec, au Canada ou à l'international.»

Le Conseil de presse a un souci d'informer la population sur le fonctionnement des médias et espère que son nouveau webzine intéressera un large public. Il envisage également créer une section pour les jeunes.

«Je visite beaucoup d'écoles et les jeunes ont un véritable intérêt pour tout ce qui touche les médias, note Guy Amyot. Ils aiment discuter des choix éditoriaux, de la publication d'une photo plutôt qu'une autre, etc.»

Le Conseil de presse s'apprête également à mettre en ligne ses décisions des 20 dernières années. «On pourra donc cliquer sur un article du code de déontologie (disons le droit à la vie privée ou le droit à l'image) et on sera référé à la décision du Conseil», indique Guy Amyot.

À n'en pas douter, le nouveau site du Conseil de presse va devenir un incontournable pour tous ceux qui s'intéressent aux coulisses des médias.

Info: conseildepresse.qc.ca