Les bonzes du web défilent à Montréal ces temps-ci. Il y a eu Arianna Huffington, fondatrice et rédactrice en chef de Huffington Post, le 15 septembre dernier, puis Chris Hughes, cofondateur de Facebook et artisan de la campagne en ligne de Barack Obama, la semaine dernière. En février prochain, ce sera au tour de Biz Stone, cofondateur du site de microblogage Twitter, qui viendra s'adresser aux Montréalais.

Une fois l'histoire de leur succès racontée, que nous disent tous ces gens que plusieurs considèrent aujourd'hui comme des modèles, des gourous des temps modernes, des symboles de leur génération?

Ils parlent tous de cet immense besoin d'être connectés les uns aux autres, un besoin que la technologie et les réseaux sociaux ont comblé bien au-delà de notre capacité à entretenir des liens significatifs avec nos semblables.

Auparavant, nous avions quelques amis que nous pouvions compter sur les doigts de la main. Aujourd'hui, par l'entremise de Facebook et Twitter entre autres, il est possible d'entretenir des liens avec des gens de communautés, milieux sociaux et lieux géographiques différents. Avec eux, nous partageons un bon papier lu dans un magazine, nos indignations de la journée, nos idées, une bonne blague. Cette hyper-connectivité répond à un besoin vieux comme le monde, celui d'appartenir à une communauté, fût-elle virtuelle. La technologie et les réseaux sociaux ne sont que des outils perfectionnés pour y arriver.

La question à laquelle Huffington, Hughes et compagnie n'ont pas encore répondu est la suivante: oui mais dans quel but? Pourquoi être en lien de la sorte, pratiquement 24 heures sur 24?

Pour regarder et commenter des niaiseries à la télé? S'échanger des bonnes adresses ou une recette de confiture? Faire son autopromotion? Comme disent les Anglais: «Is that all there is?»

Certains propos entendus au cours des derniers mois font espérer qu'il y a plus. En effet, il est clair que nous n'avons pas encore exploité le plein potentiel de ces outils, qu'une fois bien utilisés, ces nouveaux moyens de communiquer et d'échanger pourraient faire davantage que nous permettre de consommer 24 heures sur 24. Ils pourraient aussi, qui sait, contribuer à changer le monde.

Un exemple: la manifestation du 24 septembre dernier pour la tenue d'une commission d'enquête publique. Le mouvement est né sur Twitter et a rassemblé plus de 2000 personnes au centre-ville de Montréal. Ce sont les mêmes réseaux sociaux qui ont été utilisés pour mobiliser les jeunes dans les pays arabes, le printemps dernier.

La semaine dernière, Chris Hughes a glissé un mot ou deux sur sa nouvelle entreprise, Jumo. Fondée en février 2010, Jumo est une plateforme philanthropique qui fait le lien entre les gens qui souhaitent s'impliquer et les organismes sur le terrain. «Quand nous avons fondé Jumo, il y a un an et demi, nous avions une mission: utiliser la technologie pour permettre aux gens d'avoir un impact significatif sur le monde.»

L'hiver prochain, Biz Stone de Twitter nous parlera sans doute de Lift, la nouvelle aventure des fondateurs de Twitter, décrite comme étant un site qui exploitera le potentiel humain et les réseaux sociaux dans le but de «faire le bien».

La technologie et les réseaux sociaux pour changer le monde? Pourquoi pas?

Les gens avant tout

Google vient de publier le second numéro de Think Quaterly, une sorte de magazine en ligne dans lequel on explore un thème unique. Le premier portait sur l'innovation, celui-ci s'intéresse aux gens (people). «D'ici 2020, peut-on lire dans le texte d'introduction, il y aura cinq milliards de personnes qui auront accès à internet par l'entremise d'environ 50 milliards d'appareils (téléphones, tablettes, téléviseurs et même des frigos). Internet, c'est l'information, mais l'information est indissociable des gens qui la créent, la consomment et la partagent. Le web n'est plus un endroit anonyme, il est bâti à partir des connexions, des opinions et des idées des individus.»

À lire: thinkwithgoogle.com/quarterly/people/