Au Los Angeles Times, les journalistes sont encouragés à avoir de l'esprit sur Twitter, mais on leur défend d'afficher leurs opinions. À Radio-Canada, on va plus loin et on exige des journalistes qu'ils affichent le même professionnalisme que lorsqu'ils sont à l'écran ou au micro. Quand on est journaliste à Radio-Canada, insiste-t-on, on représente notre média en tout temps et les opinions personnelles ou politiques sur l'actualité sont interdites.

C'est ce qui ressort des échanges qui ont eu lieu mardi après-midi, dans le cadre de la rencontre annuelle de l'Organization of News Ombudsmen qui avait lieu dans la grande tour de Radio-Canada cette semaine. «Au Canada, la fonction d'ombudsman n'est pas très répandue», rappelle Julie Miville-Dechêne, elle-même ombudsman à Radio-Canada. En fait, Mme Miville-Dechêne n'a que deux collègues au pays: les ombudsmen du Toronto Star et de la CBC.

Réunis durant quelques jours, ces professionnels (en provenance du Portugal, de l'Angleterre, des États-Unis, etc.) chargés d'appliquer les règles et politiques à l'intérieur de leur média respectif ont donc échangé leurs expériences. Certains d'entre eux, en plus de s'assurer que les règles éthiques soient respectées, traitent en outre les plaintes du public. En gros, ils font tous face aux mêmes défis: les sources anonymes sur l'internet, WikiLeaks, l'arrivée des médias sociaux. Une des questions abordées en rapport avec les médias sociaux: comment participer à la «conversation» en faisant preuve de vivacité d'esprit et d'humour, mais tout en demeurant objectif, voir neutre. Pas évident. On a ainsi appris que les patrons de la BBC et de Radio-Canada gardent un oeil sur les tweets de leurs journalistes, une forme de modération a posteriori. Les blogues sont modérés avant publication par contre. Le journaliste Pierre Duchesne, qui couvre la politique québécoise, a expliqué qu'il était on ne peut plus sceptique face aux médias sociaux lorsque ses employeurs l'ont forcé à suivre une formation. Aujourd'hui, il est très enthousiaste et utilise Twitter comme fil de presse. Il a même obtenu des scoops grâce à Twitter. Bref, il ne pourrait plus s'en passer.