Révélation no 1: Pierre Brassard n'habite pas au Plateau. Il vit aux limites d'Outremont et du Mile End. Révélation no 2: les potins Plateau, qu'on peut entendre à l'émission 3600 secondes d'extase sur les ondes de Radio-Canada, sont de pures inventions. Le choc...

Observateur de l'actualité, humoriste, mais également critique des médias à sa façon, Pierre Brassard assène ces deux vérités sans broncher. Ce flegme, cette absence d'émotion font partie de la manière Brassard, une façon de balancer une observation souvent hilarante sans avoir l'air d'y toucher.

En plus de faire sa revue de la semaine au pupitre de Marc Labrèche, Pierre Brassard participe aussi à l'émission À la semaine prochaine, une revue humoristique de l'actualité diffusée sur les ondes de la Première Chaîne de Radio-Canada le samedi matin. Au fil des ans, l'ex-Bleu poudre a incarné plus souvent qu'à son tour le lecteur de nouvelles à la Bernard Derome ou encore le reporter irrévérencieux (personne n'a oublié Raymond Beaudoin). Hasard? «Je viens de refuser deux offres pour jouer un lecteur de nouvelles, avoue-t-il. On dirait que ce rôle me colle à la peau.»

Aurait-il raté sa vocation? Est-il un journaliste frustré? «J'ai étudié en communications au cégep de Jonquière, raconte-t-il. Au début, pour faire plaisir à mes parents, j'ai essayé le journalisme sérieux. J'allais aux conférences de presse, mais ça ne marchait pas. Je n'écoutais pas, je m'endormais, j'étais intimidé par les gens... Mais quand je me retrouvais seul, tout de suite le regard humoristique prenait le dessus.»

Pierre Brassard n'a pas fait de carrière journalistique, mais il est demeuré fasciné par le monde de l'information, qu'il aime bien décortiquer. «Honnêtement, ce n'est pas tellement le contenu qui m'intéresse mais la mécanique, le fonctionnement de tout ça. J'aime regarder comment le lecteur de nouvelles échange en direct avec le reporter, je m'attarde au lead, à la façon dont ils se saluent à la fin. Je vois trop de détails.»

À écouter Pierre Brassard égrener ses observations sur le monde qui l'entoure, on ne peut que constater qu'il est une véritable éponge. Peu de choses lui échappent. Il voit tout, absorbe tout. Pas étonnant qu'il se soit mis au dessin (il lance aujourd'hui une série de portraits d'usagers du métro, dans les pages du journal Metro, à partir des textes de la journaliste culturelle Julie Laferrière).

A-t-il déjà songé à ressusciter les Bleu poudre et leur satire de l'actualité? «Avec les Bleu poudre, on montrait des images dont on détournait le sens, par exemple en faisant dire des niaiseries à Saddam Hussein, explique Pierre Brassard. Je ne pense pas que cela aurait le même impact aujourd'hui. Quand je vois l'évolution de YouTube depuis cinq ans, je me dis qu'on ne surprendrait plus personne avec nos images, tout le monde les aurait déjà vues.»

A-t-il déjà pensé faire revivre son reporter fictif, Raymond Beaudoin, au petit écran? «Raymond Beaudoin a eu seulement cinq ans de vie, précise Pierre Brassard. Ce n'était pas quelqu'un de méchant, j'étais moi-même fan de bien du monde que j'abordais et je les épinglais comme on collectionne des trophées. Les questions que je leur posais étaient un condensé de ce que les gens pouvaient penser du personnage à ce moment-là. À la limite, une fois la question lancée, la réponse n'avait plus d'importance. Peut-être pourrais-je le sortir du placard. Il aurait très bien pu s'inviter au procès de Pierre Karl Péladeau contre Sylvain Lafrance, par exemple.»

Pour l'instant, c'est dans sa revue de la semaine à l'émission de Marc Labrèche que Pierre Brassard malmène l'actualité avec sa collection de pensées et d'observations sans queue ni tête. En quelques minutes d'humour absurde, il réussit même parfois à glisser une note éditoriale, comme avec cette petite remarque acide: «Chaque fois que je fais copier-coller sur mon ordinateur, je pense à Claude Robinson.»

Une façon de passer du coq à l'âne qui lui est tout à fait naturelle, au point où «le scripteur René Brisebois, celui qui a eu l'idée des Potins Plateau, a baptisé cela ma Tourette», avoue Pierre Brassard, un sourire en coin.

Les sources de Pierre Brassard

Pierre Brassard s'est inscrit sur Facebook après avoir suggéré à sa blonde, originaire de Belgique, de l'utiliser pour communiquer avec sa famille. Il est devenu accro. Aujourd'hui, Facebook lui permet de communiquer avec ses fans, qui lui fournissent de vrais potins Plateau... qu'il n'utilise pas. Il s'est également inscrit sur Twitter. L'humoriste se questionne beaucoup sur les médias sociaux, qu'il compare à la boîte vocale des années 90. «Avant, on se précipitait sur notre boîte vocale pour voir si on avait des messages; aujourd'hui, on va voir si on a été retweeté

Du côté des médias traditionnels, Pierre Brassard écoute principalement la radio de Radio-Canada, tout en se demandant si elle est vraiment représentative du peuple québécois. Il écoute parfois la radio française, lit La Presse, consulte Cyberpresse ainsi que le site du Devoir. Pour se changer les idées, il aime bien les magazines Dwell et Vanity Fair ainsi que les magazines de cinéma comme l'édition française de Première

.