Il y a un peu moins de deux ans, Mario Dumont a pris tout le monde de court en annonçant qu'il quittait la vie politique. C'était le 8 décembre 2008; le chef de l'ADQ n'avait que 38 ans et son parti venait de subir une cuisante défaite. Le lendemain matin, il y avait dans sa boîte vocale un message de Maxime Rémillard, nouveau propriétaire de TQS (maintenant Canal V).

«J'ai attendu quelque temps avant de le rappeler, raconte Mario Dumont, aujourd'hui animateur de Dumont, sur les ondes du canal V. Ma première idée a été de dire non et de disparaître complètement de la vie publique. Je suis économiste de formation, j'aurais pu travailler comme consultant. Mais j'aime trop les enjeux publics pour rester éloigné de tout ça.»

En plus d'animer une émission quotidienne consacrée à l'actualité, Mario Dumont est chroniqueur à l'émission du matin de Paul Arcand, où il débat de différents enjeux avec l'animatrice-productrice Marie-France Bazzo. Il a également une chronique économique à l'émission matinale de V, animée par Gildor Roy.

Maintenant qu'il est de l'autre côté de la clôture, l'opinion de l'ancien chef de l'ADQ à l'égard des médias a-t-elle changé?

«Je trouve que les journalistes forment une meute naïve, lance-t-il sans hésiter. Ils sont agressifs quand il y a une nouvelle mais, sinon, c'est étonnant de voir à quel point ils se font remplir comme des valises.»

La mobilité et l'inexpérience des journalistes sont deux facteurs qui expliquent cette naïveté, selon Mario Dumont. «Avant, les reporters politiques étaient très expérimentés, dit-il. Ils connaissaient leurs dossiers à fond, on ne pouvait pas leur en passer une. Ils connaissaient l'histoire, pouvaient parler de toutes les rencontres constitutionnelles, etc. Aujourd'hui, les nouveaux ne connaissent rien. J'en ai déjà rencontré qui ne savaient même pas que j'étais démissionnaire du Pari libéral du Québec.»

Mario Dumont avoue cependant que, depuis qu'il travaille dans les médias, il a compris certains réflexes journalistiques qu'il ne s'expliquait pas lorsqu'il était en politique. «Quand on est politicien, on sait que les médias sont menés par les cotes d'écoute, mais il persiste un certain doute, explique-t-il. On se demande: «Pourquoi ne me couvrent-ils pas?» On n'imagine pas un complot, mais... Puis on réalise qu'il n'y a pas de complot, que c'est beaucoup plus simple que ça. La question est de savoir si on est la nouvelle du jour ou pas. C'est tout.»

Il le comprend d'autant plus qu'il est aujourd'hui à la barre d'une émission quotidienne qui analyse la nouvelle du jour. Il faut non seulement trouver le bon angle, mais également le bon sujet.

Il a appris brutalement que personne n'est à l'abri des erreurs: son émission du 8 septembre dernier, enregistrée à 13 h mais diffusée à 22 h 30, n'avait pas fait mention du décès de Claude Béchard, survenu en fin d'après-midi.

«Nous ne sommes pas un bulletin d'information mais une émission d'opinion», souligne l'animateur de Dumont, qui ajoute: «L'opinion n'est pas incompatible avec l'information rigoureuse. Je ne suis pas soustrait à l'objectivité des faits ni à la rigueur. Je suis plus à droite du centre, c'est un fait connu, mais je ne suis pas partisan. On peut annoncer qu'on penche d'un bord - c'est le cas de notre émission -, mais ça ne nous empêche pas d'accueillir tous les invités avec respect et de les laisser exposer leur point de vue.»

Entre la télévision et la radio, Mario Dumont préfère l'intensité de la télévision. Une chose frappe chez lui: c'est l'absence totale de stress et de nervosité. «Quand Paul Houde (l'animateur de l'émission de retour à la maison sur les ondes de 98,5 FM) est tombé malade, j'ai reçu un appel à 11 h 15 pour entrer en ondes à 15 h, tout de suite après l'enregistrement de mon émission de télévision, qui se termine autour de 14 h 30. Je suis relativement zen. Je ne suis pas cardiologue et je ne suis pas appelé à sauver des vies, observe-t-il. Grâce à la politique, j'ai une grande culture générale et rares sont les sujets sur lesquels je suis perdu. Et puis, contrairement à la politique, si on se trompe, on s'excuse le lendemain et ce n'est pas un drame.»

Quand on lui demande s'il s'ennuie de la politique, la réponse de Mario Dumont fuse: «Tu ne peux même pas imaginer l'intensité avec laquelle je ne m'ennuie pas! En politique, on n'a pas de vie, et lorsqu'on se permet de prendre une fin de semaine avec sa famille, on se fait rappeler qu'on sera absent de plusieurs activités. De plus, j'ai réalisé a posteriori que, lorsqu'on est en politique, on se sent en permanence suspect de quelque chose. Les médias, pour moi, c'est la liberté, le droit de me tromper. Si tu me disais: «Tu retournes en politique», je pleurerais.»

Les sources de Mario Dumont

Mario Dumont possède un ordinateur et un BlackBerry, sur lequel ce maniaque de football reçoit les résultats de la NFL (National Football Post). Il passe en moyenne de quatre à cinq heures par jour devant l'ordinateur. C'est lui qui alimente son compte Twitter (@mariodumont) et il tente tant bien que mal de gérer sa page Facebook («disons que c'est de la gestion de crise, je manque de temps pour répondre, les gens s'impatientent, c'est un peu fou...»).

Tous les matins, il lit les journaux francophones et anglophones du pays et il se branche sur Twitter pour recevoir les nouvelles de l'heure des principaux médias. Il consulte également les études du Fraser Institute, de l'Institut économique de Montréal et du Frontier Institute (les meilleures études dans le domaine de la santé, selon lui). Il lit également Maclean's, L'actualité, The Economist et le journal Les Affaires. Il consulte aussi des sites comme Antagoniste.net («un site alimenté par des éplucheux de dossier qui sont beaucoup plus à droite que moi mais qui fouillent, qui s'intéressent aux statistiques, etc.»).

Côté radio, Mario Dumont est branché en permanence sur le 98,5 FM, et son modèle demeure Paul Arcand. Enfin, on trouve également le magazine Ricardo dans la cuisine familiale de Mario Dumont (il a d'ailleurs signé un éditorial en faveur des bonbons à l'Halloween dans le plus récent numéro). «Ce magazine est incontournable et très utile chez nous.»