Depuis cinq ans, elle est présidente de Bazzo Bazzo, sa propre maison de production, qui produit La liste et Bazzo.tv. On connaît l'animatrice; rencontre avec la productrice.

Marie-France Bazzo est arrivée à la production par la force des choses. C'était une condition imposée par Télé-Québec lorsqu'elle y est entrée après avoir quitté Radio-Canada, où elle travaillait comme pigiste depuis presque 20 ans. «Télé-Québec ne produisait plus rien à l'interne. Je devais fonder ma société pour produire mon émission, explique l'animatrice, qui vient d'entamer sa troisième saison à la barre de Bazzo.tv, version hebdomadaire. J'aurais pu aller voir un autre producteur, mais je me disais que la production, même si ça peut être compliqué, peut aussi être très simple. En plus, j'y avais déjà pensé. Je me disais: peut-être dans cinq ans, mais je remettais toujours l'idée à plus tard. Là, j'étais bien entourée alors j'ai décidé de faire le saut.»

Du jour au lendemain, l'animatrice aguerrie s'est donc retrouvée novice dans un milieu qui compte plusieurs producteurs établis, des réseaux, des habitudes. Elle aurait pu se sentir découragée ou intimidée, mais elle a préféré voir le verre à moitié plein. Bazzo s'estime chanceuse d'être arrivée dans le milieu de la production à un moment où les règles de financement sont redéfinies et où l'arrivée des nouveaux médias force les grosses boîtes à revoir leurs façons de faire. «Je pense qu'il n'y avait pas grand-monde qui donnait cher de ma peau dans ce milieu-là, reconnaît la productrice. Mais j'ai eu la chance d'arriver à un moment où tout change. Je n'ai jamais pu entrer dans les moules, et c'est la même chose en production. Bien sûr, il y a plein de règles à suivre, surtout en financement, mais il y a aussi des choses à inventer dans les choix que je fais en tant que productrice, dans les approches, les manières de faire.»

De son propre aveu, c'est à partir de la troisième année qu'elle a commencé à se sentir à l'aise dans son nouveau fauteuil et à apprécier toutes les possibilités qui s'offraient à elle. En plus de son émission et de La liste (ARTV), Bazzo Bazzo vient de produire, pour souligner les 50 ans du magazine Châtelaine, une série de 50 capsules-entrevues avec des femmes qui ont marqué le Québec. Elle a également un autre projet quasi achevé dans ses cartons: Le Québec, une histoire de famille - des capsules de deux minutes qui racontent l'histoire du Québec à partir des noms de famille. «Les Tremblay, les Gagnon, les Girard sont les points de départ d'une capsule sur un aspect de l'histoire du Québec, explique la productrice avec enthousiasme. La série est prête, nous avons un diffuseur, il ne manque plus qu'un commanditaire et le tout devrait être en ondes en septembre 2011.»

Sociologue de formation, Marie-France Bazzo a toujours eu un nez pour dénicher les tendances. Y a-t-il un avenir pour les micro-émissions de télévision de moins de cinq minutes, selon elle?

«Comme je suis une petite productrice, il faut que je pense aux champs non occupés, comme ces capsules pour Châtelaine, qui peuvent se décliner sur toutes sortes de plateformes. J'apprends à me faufiler dans les craques, mais la craque peut devenir une grosse affaire grâce au multiplateforme.»

Parmi ses projets, Marie-France Bazzo caresse le rêve de produire... une émission sportive de fin de soirée. «J'adore les émissions de sport; j'étais triste de la fin de 110 % et de L'attaque à cinq. Les gars m'ont demandé pourquoi je ne produisais pas une émission du genre et j'avoue que j'aimerais beaucoup ça. Je cherche une façon de coproduire avec un diffuseur, mais c'est certain qu'un jour je vais produire un vrai show de sport de gars.»

Choisir ses combats

Son métier de productrice lui a fait réaliser que, même s'il y a beaucoup d'argent pour la production télévisuelle au Québec, il existe aussi des contraintes qui expliquent que certains genres sont sous-représentés au petit écran. Le documentaire, par exemple, un genre qu'elle adore mais qui, pour une petite boîte comme la sienne, est quasiment impossible à produire. «Je préfère lancer des projets qui ont plus de chances d'aboutir rapidement, affirme-t-elle. J'ai un projet de documentaire qui traîne sur les tablettes de Télé-Québec, c'est quelque chose qui m'intéresse mais je vois bien à quel point c'est difficile à financer. Dans les circonstances actuelles, je ne me battrai pas pour ça.»

Et que dit la productrice à l'animatrice de Bazzo.tv avant qu'elle n'entre en ondes? «Mon émission est la chose sur laquelle j'ai le moins de recul, reconnaît-elle. Le mardi, la productrice cède donc la place à l'animatrice avant l'enregistrement. Ce n'est qu'une fois les caméras éteintes, en réunion de postproduction, quand l'heure du montage est venue, que je redeviens la productrice.»

Les sources de Marie-France Bazzo

Nous avons demandé à Marie-France Bazzo de nous dévoiler ses sources d'information incontournables au quotidien. Elle avoue passer entre deux et trois heures par jour devant l'ordinateur, à la maison comme au bureau. «Je picore à tous les bulletins d'information: CBC, Radio-Canada, TVA, les bulletins en français sur l'internet. Je consulte beaucoup de médias traditionnels sur Twitter, qui est devenu mon fil de presse, un outil de travail incroyable. Parmi les émissions qui m'informent, outre les bulletins de nouvelles, il y a Les francs-tireurs (Télé-Québec), Sunday Morning (CBS), à laquelle je voue un culte infini. Selon moi, c'est la meilleure émission de télé de l'hémisphère Nord. Je regarde aussi George Stroumboulopoulos (CBC) et On n'est pas couché, avec Laurent Ruquier (France 2); les émissions politiques du dimanche matin, Larocque-Lapierre (LCN), Les coulisses du pouvoir (Radio-Canada, RDI), ainsi que les émissions américaines du dimanche matin qui font partie de mon rituel. J'aime aussi Un gars le soir (V) et Des racines et des ailes (TV5). À la radio, j'écoute Puisqu'il faut se lever (ndlr: elle y collabore), j'adore Dutrizac (98,5) et sa manière de faire des entrevues, et j'ai un gros attachement à Michel Lacombe, le samedi après-midi (Première Chaîne de Radio-Canada). Il a toujours de bons sujets.»

Elle aime les magazines Dwell et Infopresse, et sur l'internet elle visite les blogues de Patrick Lagacé (cyberpresse.ca/lagace), Josée Legault (Voir), Jean-François Lisée (L'actualité), Slate, versions américaine et française, Rue89 ainsi que des sites plus généraux comme Radio-Canada et Cyberpresse.

Parmi ses liens Twitter préférés, on trouve: @MatthieuDugal, @AkliAA, @Ant_Robitaille, @LawrenceGary, pour sa vision du voyage, et @Marsattac, un Français qui trippe sur les cartes géographiques et la philosophie. «Ça ne me sert à rien dans la vie, mais j'en ai besoin.»

On peut suivre Marie-France Bazzo sur Twitter:@MFBazzo