Elle disait qu'elle ne prendrait jamais sa retraite. La journaliste Helen Thomas, qui couvrait la Maison-Blanche depuis 66 ans (!), a pourtant annoncé son départ lundi et ce, dans la disgrâce la plus totale, après avoir tenu des propos jugés répréhensibles par tout le monde, y compris ses collègues et des représentants de l'administration Obama.

Interviewée dans le cadre de l'émission web rabbiLIVE.com, Mme Thomas, chroniqueuse pour les journaux du groupe Hearst, a déclaré que les Juifs devraient quitter la Palestine. «Où devraient-ils aller?» a demandé le rabbin qui l'interviewait. «Qu'ils retournent en Pologne, en Allemagne ou aux États-Unis», a répondu la journaliste. Quel était au juste le fond de sa pensée? On ne le saura peut-être jamais car une fois ses propos repris partout sur l'internet (après que le site Drudge Report les eut publiés), Mme Thomas s'est excusée puis a annoncé aussitôt qu'elle prenait sa retraite. Cette déclaration de Mme Thomas n'a cependant pas complètement surpris les gens qui l'ont côtoyée au cours des dernières décennies. Soyons honnêtes, la journaliste était perçue par plusieurs comme une vieille malcommode. À l'âge vénérable de 89 ans, elle ne se gênait pas pour dire ce qui lui passait par la tête. Chroniqueuse d'opinion après avoir été à l'agence UPI durant 57 ans, elle posait des questions qui, de l'avis de plusieurs collègues, relevaient davantage de l'idéologie que du journalisme.

 

Sont statut de fille d'immigrants libanais explique sans doute en partie ses positions pro-arabes et sa perception bien campée quant au conflit israélo-palestinien. Au-delà de ses positions politiques, elle était reconnue pour son ton bourru et son attitude fonceuse. Le président John F. Kennedy avait même déclaré, parlant d'elle: «Helen Thomas serait une gentille fille si elle n'avait pas ce calepin et ce crayon...»

En temps normal, son départ aurait été souligné par de nombreux hommages et une rétrospective de sa carrière. Aujourd'hui, c'est tout le contraire. Elle est critiquée de toutes parts et ceux qui sont identifiés comme étant ses amis s'empressent de préciser qu'ils sont en désaccord avec les propos tenus à l'émission rabbiLIVE.com (dont le site a reçu jusqu'ici 25 000 courriels haineux...).

En milieu de semaine toutefois, une voix s'est élevée pour rappeler l'importance du statut de pionnière de Mme Thomas. «On ne devrait pas retirer la plaque portant le nom de Mme Thomas dans le briefing room», a plaidé l'ombudsman du National Public Radio, Alicia Shepard. Elle a rappelé qu'Helen Thomas avait été la première femme nommée présidente de l'Association des correspondants ainsi que la première femme officière du National Press Club, un club sélect qui a interdit les femmes jusqu'en... 1971.

Comme l'a si bien dit Mme Shepard, il serait dommage qu'une remarque malheureuse fasse oublier les accomplissements d'une véritable pionnière du journalisme.

À noter: Helen Thomas a cinq livres à son actif. Le réseau HBO lui a consacré un documentaire, Thank you Mr President. On peut visiter son site internet à l'adresse suivante: helenthomas.org

 

Laurence Ferrari et le voile

Vous souvenez-vous lorsque, en 2001, la présentatrice du Téléjournal de Radio-Canada, Céline Galipeau, alors reporter, avait porté le voile pour réaliser des reportages au Pakistan? Son voile avait soulevé la controverse, à un point tel que la journaliste avait enregistré un court topo pour justifier sa décision. L'histoire se répète, en France cette fois, alors que la présentatrice du journal de TF1, Laurence Ferrari, a dû s'expliquer cette semaine après avoir été vue à l'écran la tête recouverte d'un voile, interviewant le président iranien Mahmoud Ahmadinejad. «Le devoir d'information prime sur mes convictions personnelles», a-t-elle déclarée dans une lettre qu'on peut lire sur le site de TF1.

Un tabloïd saignant

Découvert par l'entremise du site Poynter.org, ce journal mexicain fait passer les tabloïds britanniques (à la réputation sulfureuse) pour des feuillets paroissiaux. Depuis plus de 40 ans, El Nuevo Alarma! documente les morts violentes et n'a pas peur de montrer «les vraies affaires». Des photos de caïds ensanglantés, des corps déchiquetés, du sang à profusion... En regardant ça, on se demande si ces reportages relèvent davantage du journalisme, du service de police ou du bureau du médecin légiste. Coeurs sensibles s'abstenir. 

Laurence Ferrari.