En télévision, le mot important à retenir ces temps-ci est «famille». C'est ce qu'affirme Virginia Mouseler, spécialiste des tendances télévisuelles qui prenait la parole cette semaine dans le cadre du MIPTV, ce grand marché international de l'audiovisuel qui regroupe plus de 11 000 participants issus d'une centaine de pays. La plupart des maisons de production québécoises ainsi que les représentants des grands réseaux de télévision du Québec et du Canada y assistaient, à la recherche du prochain succès télévisuel.

Mme Mouseler dirige WIT (World Information Tracking), une boîte établie à Paris qui observe les émissions de télé dans une quarantaine de pays et qui rend compte des tendances à ses clients - des producteurs et des diffuseurs. Cette année, elle note que plusieurs émissions de téléréalité mettent en vedette des familles. Des exemples: «Dans une émission, les concurrents doivent recomposer des familles (père, mère, enfants) à partir d'un groupe de personnes. On veut montrer qu'à l'heure des familles éclatées, des couples homosexuels et de l'adoption internationale, les liens sont moins évidents qu'ils ne l'étaient, explique Mme Mouseler, jointe au téléphone à Cannes. Une autre émission réunit des gens qui ont un lien entre eux mais qui ne le savent pas. Le téléspectateur découvre ces liens en même temps qu'eux. L'emotainment a toujours la cote à la télévision. Enfin, on voit aussi beaucoup d'émissions de divertissement où les membres d'une même famille participent ensemble à des épreuves, comme des concours de chant, par exemple, ou la construction d'une tour Eiffel avec des pommes... Ce sont des jeux fédérateurs pour la famille.»

Deuxième observation de la spécialiste: les réseaux de télévision font de gros efforts pour rejoindre les jeunes, qui regardent de moins en moins la télévision et passent de plus en plus de temps devant leur ordinateur. «On fait la promotion d'émissions sur Facebook, on invite les jeunes à «twitter» et à utiliser le téléphone portable durant l'émission, puis on prolonge la durée de vie de l'émission en diffusant des images inédites sur le web. On utilise vraiment tous les moyens pour les séduire», note la spécialiste.

Mardi, dans le cadre d'une deuxième conférence, Virginia Mouseler était invitée à présenter un concept d'émission qu'elle jugeait novateur. Elle avait choisi La Collection, une émission produite par TVA dans laquelle des designers débutants doivent dessiner une collection de vêtements qui sera jugée par des créateurs d'expérience. «Je trouve le concept très intéressant, explique-t-elle. On mêle la téléréalité, le concours de talent, la mode et la publicité. C'est ce qui est le plus original car la source de financement, le commanditaire, est intégré à l'émission. Les téléspectateurs peuvent acheter les tenues le lendemain chez La Baie. C'est très novateur.»

Virginia Mouseler regarde des heures de télévision chaque semaine. Selon elle, la Grande-Bretagne se distingue à l'échelle internationale pour l'excellence de sa production télévisuelle. «La Finlande est également à surveiller, ajoute-t-elle. Il y a de bons concepts, très créatifs et conçus avec de petits budgets.»

Ce qui caractérise la télé québécoise, selon elle? «Ses fictions, qui ne ressemblent à rien d'autre. Les Québécois ont un talent pour écrire des récits qui sont subtils et profonds. C'est très puissant.»