La chaîne France-24 a-t-elle porté «atteinte à la vie privée» de Benjamin Biolay? Le chanteur a réclamé lundi devant le juge des référés une somme de 20 000 euros (plus de 27 000 $CAN) à la chaîne française d'information continue en réparation du «grave préjudice» qu'il dit avoir subi lors de la diffusion d'une revue de presse internationale faisant état d'une prétendue liaison entre l'auteur-compositeur et la Première dame de France, Carla Bruni-Sarkozy.

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Paris rendra sa décision vendredi. Le chanteur, qui réclame en outre la publication du jugement dans trois organes de presse de son choix, n'était pas présent à l'audience.Pour éclairer le juge, le motif de la discorde a été produit à l'audience, et deux fois plutôt qu'une: la revue de presse litigieuse du 10 mars dernier a en effet été diffusée d'abord dans sa version courte puis dans sa version longue par chacune des deux avocates, armées de leur ordinateur portable.

Dernier des trois sujets évoqués ce jour-là (2:30 sur les cinq minutes de la revue de presse), les rumeurs sur la prétendue liaison entre le chanteur et l'épouse du chef d'État reprises dans des titres de la presse britannique et suisse ont été relayées à l'antenne par les deux journalistes de France-24 qui présentaient la revue de presse internationale, le tout encadré par une interrogation initiale: «Le couple Nicolas Sarkozy/Carla Bruni serait-il en train de battre de l'aile?» et une formule finale: «Comme quoi on parle de tout sur France-24».

À l'audience, l'avocate du chanteur, Me Isabelle Wekstein, a fait valoir que «toute personne a le droit au respect de sa vie privée, quelle que soit sa notoriété». Or, a-t-elle souligné, «Benjamin Biolay a mis une tolérance quasi-égale à zéro (sur ces questions). Depuis des années, il ne s'exprime plus jamais sur sa vie privée». En fait, a ironisé le conseil du musicien, «Benjamin Biolay serait donc un dommage collatéral de la «pipolisation» à laquelle s'est adonné le couple présidentiel».

De l'autre côté, l'avocate de France-24, Me Camille Bauer, a souligné «l'engouement de la presse internationale» pour ces rumeurs «alors qu'il n'y avait rien en France»: «Ce contraste rendait le sujet presque indispensable», a-t-elle argué. Pour elle, cela ne fait aucun doute: «la liberté d'expression doit s'appliquer ici», d'autant que les deux journalistes, selon elle, ont fait preuve de prudence en utilisant le mode interrogatif et le conditionnel.

En fin d'audience, le juge des référés, Nicolas Bonnal, a abordé un point qu'aucune des deux avocates n'avait soulevé: «L'atteinte à la vie privée peut être parfois justifiée par la nécessité d'information du public. Encore faut-il que l'information soit fiable...»