«Une société d'investissement privée est à la recherche d'une équipe dynamique pour lancer un nouveau quotidien francophone au Québec.»  

Depuis quelques semaines, cette petite annonce parue dans deux quotidiens montréalais, dont La Presse, fait beaucoup jaser. Qui serait assez fou pour lancer un quotidien alors qu'on répète sans cesse que l'industrie des journaux est en crise?

Le blogue du Trente, magazine du journalisme québécois, suggérait la possibilité d'un quotidien national, qui couvrirait tout le Québec. D'autres parlent d'un site d'information en ligne.

Et si c'était un quotidien gratuit d'après-midi comme le t.o. night, lancé à Toronto en septembre dernier?

Selon une source, des gens d'affaires auraient été vus à l'hôtel Fairmount avec une pile de t.o. night sur leur table. «À Toronto, la rumeur que Quebecor va lancer un quotidien d'après-midi est persistante», ajoute cette même source.

Un tel projet est-il viable? À une époque où les gens sont bombardés d'information 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sur leur ordinateur, leur téléphone portable et même dans le métro, y a-t-il vraiment un besoin pour une source d'information supplémentaire?

Chose certaine, ailleurs, les journaux d'après-midi ont du succès.

À Toronto, 50 000 exemplaires du t.o. night sont distribués tous les jours vers 15h30. Imprimé sur papier magazine, le journal de 16 pages est distribué dans 150 endroits au centre-ville. Les textes proviennent de la Presse canadienne et de l'AFP. Le journal emploie aussi cinq chroniqueurs à la pige ainsi qu'une équipe de reporters à temps complet pour le numéro du week-end.

«Quand on a lancé t.o. night, raconte un des deux fondateurs, John Cameron, les gens ont réagi: quoi, un autre journal à Toronto? Mais on constate que nos lecteurs lisent un journal payant le matin (le Globe, le Post ou le Sun) et que nous sommes leur mise à jour en quittant le travail. Nous prenons d'ailleurs soin d'avoir des nouvelles complètement différentes de celles de nos concurrents du matin, Metro et 24h.»

«Le lectorat du t.o.night travaille au centre-ville mais réside en banlieue, dans le 905, et il utilise les transports en commun.» Ce qui laisse le temps aux lecteurs de lire un journal en rentrant à la maison.

Le t.o.night s'est beaucoup inspiré du quotidien australien mX, présent à Sydney, Melbourne et Brisbane. Londres compte également plusieurs journaux d'après-midi gratuits dont le London Evening Standard, un quality paper devenu gratuit en octobre dernier. «Le passage à la gratuité a été un véritable succès, note Geordie Greig, éditeur du journal, joint par téléphone. C'est une véritable révolution. Notre tirage a triplé, il est maintenant autour de 610 000 exemplaires chaque jour. La demande est très forte. Une exemple: nous vendions 700 exemplaires à la station de métro Holborn, nous en distribuons maintenant 10 700. Nous ne faisons pas encore de profit, mais nous perdons moins d'argent.»

Montréal compte pour l'instant deux quotidiens gratuits du matin: Métro et 24h. En verra-t-on un troisième bientôt? Un dossier à suivre.