Quelques heures après le séisme qui a détruit une partie de Port-au-Prince, le 12 janvier dernier, l'animateur de radio Carel Pedre était derrière son micro, sur les ondes de Radio One. Animateur de l'émission du matin et directeur de la station, Pedre est une vedette locale qui a acquis une notoriété internationale lorsque CNN a diffusé les photos qu'il avait prises et publiées sur Twitter quelques moments seulement après la secousse.

Quelques jours seulement après le séisme, d'autres radios comme Tropic FM et Radio Ginen (il y en a au total une dizaine établies à Port-au-Prince) avaient repris leur diffusion.

 

«Des radios ont opéré pendant des semaines grâce à du matériel récupéré dans les décombres, à partir d'une tente aménagée, dans le voisinage ou sur la Cour de Saint-Louis, l'un des plus grands camps de réfugiés de la capitale», raconte Claude Gilles, directeur du Centre opérationnel des médias mis sur pied par Reporters sans frontières au lendemain du séisme.

Radio-Caraïbes, une des stations de radio les plus populaires au pays, diffusait quant à elle sous une tente, en face de ses anciens studios, comme l'a déjà raconté notre collègue Agnès Gruda, fin janvier.

Deux mois plus tard, c'est toujours le cas. «Radio-Caraïbes diffuse toujours dehors, dans la rue, et ses émissions en direct sont devenues de véritables happening le soir, à Port-au-Prince», confirme Jean-Hugues Roy, envoyé spécial en Haïti pour Radio-Canada.

Télé et journaux

Du côté de la télévision, pour des raisons techniques évidentes, le retour à la normale est plus long. «La plupart des postes de télé diffusent des vidéoclips et des films, explique Carel Pedre, joint par téléphone. Mais la Télévision nationale d'Haïti, installée dans la cour extérieure de son ancien édifice, a repris sa programmation régulière.»

Quant aux deux quotidiens haïtiens, Le Matin et Le Nouvelliste, leurs presses ont été lourdement endommagées dans le séisme. La version papier du Matin, publiée une fois par semaine pour l'instant, est imprimée en République dominicaine. Quant au Nouvelliste, le plus vieux quotidien au pays, il publie deux numéros par semaine mais doit reprendre son rythme quotidien aujourd'hui.

«La rédaction du journal demeure toujours dans son siège provisoire, à Pétionville, et le journal sera imprimé dans son local situé au centre-ville en ruine», explique Claude Gilles par courriel. «Le journal est en outre à rebâtir sa liste d'abonnés dont un grand nombre a déménagé ou a quitté le pays.»

Deux jours après le séisme, des représentants de l'organisme Reporters sans frontières, avec l'aide financière de Quebecor, mettaient sur pied un centre opérationnel des médias. Situé lui aussi à Pétionville, il offre du matériel, des ressources professionnelles et psychologiques ainsi que des espaces de travail aux journalistes haïtiens ainsi qu'aux médias étrangers en reportage en Haïti.

François Bugingo, porte-parole de RSF Canada, a participé à sa création. «Le centre est coordonné en collaboration avec le ministère des Communications haïtien et éventuellement, nous allons céder notre place à des associations locales afin qu'elles assument sa coordination.» Reporters sans frontières estime qu'une trentaine de travailleurs du monde des médias sont morts dans le séisme.