Après quatorze ans d'absence, Bridget Jones revient jeudi en librairie pour de nouvelles aventures: la célèbre célibataire londonienne est désormais une veuve de 51 ans, mère de deux enfants, qui s'active sur les réseaux sociaux et s'éprend d'un «toy boy» de 20 ans son cadet.

«Dimanche 31 juillet, verres d'alcool 6 (état d'urgence), cigarettes 9 (mieux), calories 5824 (faible)», écrivait la trentenaire apprenti-journaliste dans son journal intime en 1995.

«Jeudi 19 avril, 79 kilos, unités d'alcool 4 (bien), calories 2822, possibilité ou désir de coucher à nouveau: 0», écrit aujourd'hui Bridget Jones, désormais quinquagénaire jonglant entre ses débuts de scénariste et la gestion quotidienne - forcément chaotique - de sa fille Mabel et de son fils Billy.

Toujours obsédée par son poids et désormais par ses rides, elle ne fume plus mais mâchouille de la gomme antitabac, tourmentée par le nombre de textos qu'elle reçoit et sa popularité sur les réseaux sociaux.

C'est d'ailleurs sur Twitter que la quinquagénaire - qui affirme en public n'en avoir que 35 ans - s'est transformée en cougar, tombant sous le charme d'un «toy boy» tout juste trentenaire.

Sous le titre de Bridget Jones: Mad About the Boy, ce troisième volume - qui sortira au printemps 2014 en France - est d'ores et déjà assuré de devenir un best-seller.

Les deux premiers tomes - Le journal de Bridget Jones et Bridget Jones: l'âge de raison - ont été vendus à plus de 15 millions d'exemplaires dans 40 pays.

L'accueil des premières critiques britanniques a cependant été frais: le Sunday Times a jugé le livre «inégal» et «émotionnellement pas convainquant».

Le Daily Telegraph évoque une «lourde déception»: «le ton est faux: lire les deux tiers de Mad About the Boy c'est comme écouter quelqu'un qui avait jadis l'oreille absolue et ne peut plus aujourd'hui chanter une note».

Des reproches qui font dire qu'il était sans doute plus aisé de s'identifier à la trentenaire maladroite, pleine de bagou et quelques kilos en trop, qui cherchait l'amour et le succès professionnel, qu'à la Bridget 2013, toujours déjantée mais désormais riche, veuve, mère, scénariste et couchant avec un bellâtre aux abdominaux parfaits.

Du côté des fans, la première réaction a été la stupeur en découvrant la mort de Mark Darcy, le mari de Bridget.

Interrogée pour savoir d'où lui était venue l'idée de le tuer, la romancière a confié avoir été bouleversée par la mort de son propre père dans un accident de voiture alors qu'elle avait 24 ans.

«La vie est pleine de rebondissements. C'est comme le clavier d'un piano. Il y a les touches blanches et les noires. On trouve dans mon écriture cet élément tragicomique», a-t-elle dit au magazine Vogue britannique.

Helen Fielding, qui vit entre Londres et Los Angeles et a coécrit les scénarios des adaptations cinématographiques, a toujours martelé que Bridget n'était pas son double autobiographique même si les similitudes sont troublantes.

La romancière, âgée de 55 ans, est ainsi mère de deux enfants et séparée de leur père, Kevin Curran, scénariste et producteur exécutif de la série télévisée Les Simpson.

En faisant revivre son héroïne, celle qui a lancé la «chick litt» ou littérature féminine risque peut-être aussi d'être victime, à retardement, du succès du phénomène qui compte aujourd'hui nombre d'auteures empruntant le créneau mère au bord de la crise de nerfs, entre son boulot, ses gosses, son mec...

La saga pourrait néanmoins donner lieu à une troisième adaptation cinématographique, même si les droits ne sont pas encore vendus selon l'auteure.

Les deux premiers films, sortis en 2001 et 2004, mettaient en scène l'actrice américaine Renée Zellweger dans le rôle titre, qui se débattait dans un joyeux triangle amoureux avec Colin Firth incarnant Mark Darcy, avocat maladroit et délicieusement guindé, et Hugh Grant (Daniel Cleaver) en fringant publicitaire et incorrigible coureur.