Fait rare pour un auteur contemporain, la prestigieuse collection Quarto de Gallimard vient de réunir dans un seul volume 10 romans constituant «l'épine dorsale» de l'oeuvre de Patrick Modiano.

L'écrivain qui trace depuis 46 ans son chemin dans la discrétion a puisé dans ses archives photos et documents pouvant suggérer «que tous ces «romans» sont une sorte d'autobiographie, mais une autobiographie rêvée ou imaginaire», comme il l'explique en préface.

Ses parents deviennent des personnages imaginaires. Des «comparses et fantômes», il a utilisé les ombres et surtout les noms à cause de leur sonorité. «Ils n'étaient plus pour moi que des notes de musique.» Seuls son frère, sa femme et ses filles sont «réels».

En entrevue au Monde, il a confié ne pas avoir tout à fait relu ces romans, «parce qu'à trop se pencher sur ce qu'on a écrit, on se retrouve paralysé».

Comme un équilibriste qui doit avancer coûte que coûte, il évite de regarder en arrière. S'il le fait, il découvre que les mêmes visages, les mêmes noms, les mêmes lieux, reviennent d'un récit à l'autre, «comme les motifs d'une tapisserie que l'on aurait tissée dans un demi-sommeil», et que ses admirateurs retrouvent chaque fois avec bonheur.

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Romans. Patrick Modiano. Gallimard Quarto, 1088 pages.