Enfin, le temps de lire ce qu'on n'a pas eu le temps de lire, le temps de lire pour le plaisir, le temps de lire pour lire: bref, l'été! Qu'on passe ses vacances au pays ou hors frontières, à «Balconville» ou outre-mer, voici 10 livres québécois récents, à glisser dans ses valises, même virtuelles. En vue du décollage, les passagers sont priés d'ouvrir leur littérature...

Mãn

Ce deuxième roman de Kim Thúy, écrit avec la même délicatesse que Ru, aborde des thèmes graves comme l'exil et le renoncement tout en parlant de cuisine et de force vitale. L'auteure dessine de ses doigts fins, avec une grande force évocatrice, la vie des immigrants vietnamiens ainsi qu'une passion aussi belle qu'impossible. - Josée Lapointe

Mãn, Kim Thúy, Libre Expression.



Journal d'un écrivain en pyjama

Le 20e livre de Dany Laferrière est composé de centaines de petites chroniques allègres, à la fois légères et nourrissantes, doublées d'humour et d'esprit, à l'intention d'absolument tout le monde, écrivain ou pas. En prime: on peut le feuilleter comme bon nous semble, picorer ou plonger, dans le désordre ou la tranquillité. - Marie-Christine Blais

Journal d'un écrivain en pyjama, Dany Laferrière, Mémoire d'encrier.

Journal d'un écrivain en pyjama de Dany Laferrière

Du coeur à l'établi

Roman initiatique, mené ventre à terre, parfois totalement burlesque, parfois assez trash, Du coeur à l'établi alterne entre une narration très vivante au «je» et des dialogues en québécois extrêmement bien rendus - avec, en prime, des personnages de filles vraiment pas banals, dans un Montréal tout à fait contemporain. - Marie-Christine Blais

Du coeur à l'établi, Michel-Olivier Gasse, Éditions Tête première.

L'amant du lac

À lire particulièrement si on aime ou visite l'Abitibi, ce roman empreint d'érotisme solaire, naturaliste et lyrique est aussi et surtout un livre sur la profonde sensualité de toute chose: un dos, un lac, le café, un rire, l'odeur du sapinage, une esquisse au fusain, la douleur... Écrit par la petite-nièce d'Émilie Bordeleau (oui, la fille de Caleb), la peintre amérindienne Virginia Pésémapéo Bordeleau. - Marie-Christine Blais

L'amant du lac, Virginia Pésémapéo Bordeleau, Mémoire d'encrier.

Remèdes pour la faim

Impossible de résumer ces «mémoires» superbement écrites par l'auteur et journaliste canado-américain Deni Y. Béchard, qui découvre que son père a été voleur de banques: il y est question du goût du danger, de l'importance des sacres et des dons de conteur de son Québécois de père, de la haine de sa mère pour «les aliments transformés», de la pêche au saumon, de la peur, du besoin de partir, de la colère sans frein, de la pauvreté, l'incompréhension, la séparation, la garde non partagée... Et, pour passer à travers tout cela, toujours, la lecture, rédemptrice. - Marie-Christine Blais

Remèdes pour la faim, Deni Y. Béchard, Éditions Alto.

2054

Nous sommes en 2054. Tous ceux qui exercent une profession sont cotés en Bourse et achetés par des consortiums mondiaux. Le jeune médecin Ethan Price, fraîchement diplômé du CHUM (!!!) est justement un as de l'orthogénie, science des manipulations génétiques. Et sa cote est immense... Premier roman étonnant, qui mêle médecine, finance, géopolitique et technologies, avec quelques pointes d'humour grinçant («l'aéroport intrasystémique Jean-Charest»?), 2054 est un livre d'anticipation efficace, crédible et assez épeurant, merci! - Marie-Christine Blais

2054, Alexandre Delong, XYZ.

L'enfant qui parlait la langue des chiens

Comment un tout jeune garçon a été balloté d'une famille, d'une identité et d'un lieu à l'autre en pleine guerre et comment il a vécu un million d'aventures rocambolesques: c'est ce que raconte avec verve Joanna Gruda. On pourrait dire que l'auteure a beaucoup d'imagination, mais non, cette histoire est celle de son père, plus incroyable que n'importe quelle fiction. - Josée Lapointe

L'enfant qui parlait la langue des chiens, Joanna Gruda, Boréal.

La classe de madame Valérie

Dans ce tour de force littéraire qui ne se prend pas au sérieux, François Blais nous fait vivre le quotidien d'un groupe d'élèves de cinquième année, à Grand-Mère, à l'automne 1990. On retrouve aussi dans le désordre les personnages en 1997 et en 2011, dans ce roman choral brillant et truffé de références à la culture populaire. À lire pour se rappeler qu'entre la cour d'école et la vraie vie, il n'y a pas vraiment de différence. - Josée Lapointe

La classe de madame Valérie, François Blais, L'instant même.

On ne rentre jamais à la maison

Troublant, mystérieux, onirique: on voit bien dans ce quatrième roman que Stéfani Meunier sait créer des atmosphères particulières. Celui-ci parle des drames de l'enfance, des histoires qu'on se raconte pour se faire peur, des secrets de famille qui pèsent lourd, avec deux êtres qui ont du mal à se défaire des liens qui les relient au passé, vrais ou imaginaires. Un monde à découvrir et une auteure qu'on aura envie de lire encore. - Josée Lapointe

On ne rentre jamais à la maison, Stéfani Meunier, Boréal.

C'était moins drôle à Valcartier

L'été où je suis devenu un homme... c'est le titre que pourrait porter ce cinquième roman de Grégory Lemay, classique récit d'apprentissage porté par une large part d'autodérision. C'est donc l'histoire du «pire été de la vie» d'un jeune homme qui, par défi et inconscience, s'est engagé comme recrue à Valcartier. Il n'y en aura pas de facile, pour notre plus grand plaisir. - Josée Lapointe

C'était moins drôle à Valcartier, Grégory Lemay, Héliotrope.