Après Alexandre Jardin et Emmanuel Carrère, qui réglaient leurs comptes avec leurs grands-pères collaborateurs (Des gens très bien et Un roman russe), voici que Félicité Herzog, fille de l'alpiniste Maurice Herzog déboulonne dans un roman le mythe que son père a soigneusement entretenu au fil des ans.

Dans une France en mal de héros, Herzog s'est érigé dans les années 50 en conquérant de l'Himalaya, y perdant le bout des doigts. Il deviendra ministre des Sports, sous De Gaulle. Le portrait qu'en fait sa fille dans Un héros (Grasset) est celui d'un père qui n'en fut pas un, d'un homme à femmes insatiable et libidineux. Et surtout d'un héros qui aurait menti. Félicité Herzog avance qu'il ne se serait peut-être pas rendu au sommet de l'Annapurna. Son récit, clair et sensible, fait aussi la paix avec la violence et la maladie de son frère schizophrène, l'autre héros du roman. Avec ironie, elle ressuscite ses grands-parents maternels, aristocrates d'un autre âge et collaborateurs enthousiastes. Non sans tendresse, elle raconte aussi sa mère, intellectuelle en rupture avec son milieu.