C'est l'histoire d'un meurtre. Celui d'un chien. Un chien nommé Hobbes par son maître, Julius Winsome, un amoureux des livres qui vit en quasi-ermite dans une forêt enneigée du Maine. Ce pourrait bien être une forêt du Québec, tant les lieux nous sont familiers.

Hobbes tué à bout portant par un chasseur, Julius Winsome décide d'abattre tous les chasseurs. Un par un. Pour être certain de ne pas rater celui qui a enlevé la vie à son seul ami.

 

Acte de folie? De pure cruauté? La question persiste après qu'on a refermé le livre, tant l'auteur, Gerard Donovan, nous présente un homme dont la soudaine pulsion meurtrière semble naturelle. Nécessaire, même.

Jamais Julius Winsome ne perd la raison. Sain d'esprit durant tout le récit, cet homme dans la cinquantaine ne verse jamais dans les questions existentielles qui pourraient freiner son ardeur destructrice. Il s'isole plutôt dans ses livres. Ses 3282 livres, précisément, qui couvrent entièrement les murs de sa maison, située à 5 km du plus proche voisin.

Et quand il lève le nez de ses rayons, c'est l'hiver qui l'isole à son tour. Froid, glacial, comme le tueur en série que devient Winsome.

Rédigé de manière brute, le récit demeure captivant du début à la fin. On voudrait parfois plus de descriptions, d'introspection, mais on comprend vite que ce n'est pas là l'essence du personnage, aussi narrateur.

Gerard Donovan nous livre une intrigante histoire de vengeance, sans jamais nous dire qui, au juste, en est victime.

Julius Winsome

Gerard Donovan

Traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte

Seuil, 244 pages, 29,95$

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