Il semble que de placer les personnalités célèbres au centre de certains thrillers soit à la mode. Après Monet et Chet Baker, voici qu'un impayable tandem se retrouve sur les lieux d'un étrange crime dans le New York du début du siècle, un tandem composé de Sigmund Freud et Carl Jung eux-mêmes, psychanalyse à la main, traquant l'inconscient comme autant d'indices sanglants dans Manhattan Freud du producteur et scénariste français Luc Bossi.

L'idée avait tout pour plaire, les frasques du duo étonnamment complémentaire auraient pu susciter un humour intelligent ou suggérer un angle intéressant au crime moderne. Or, il n'en est rien.

Le lecteur se retrouve devant une intrigue qui s'enfonce dans une complexité inutile, complexité qui résulte des trop nombreuses névroses et faux témoignages sous l'emprise de sur-moi tyranniques. Les faux aveux se multiplient si bien que l'intérêt en vient à s'émousser.

Va pour l'intrigue. Quant à l'apport des deux célèbres protagonistes dans le récit, celui-ci se limite à une série de clichés (lapsus grossiers, personnalités multiples, hystérie) qui réduisent considérablement l'étude des deux savants sans pour autant choisir franchement la caricature, ce qui, à la limite, aurait peut-être également eu son intérêt.

Le lecteur américain sera d'ailleurs rapidement gêné par la vision éculée (toute française soit-elle) de la psychanalyse. Pourtant, l'idée de fomenter un complot au sein des grands architectes new-yorkais (amateurs de gratte-ciels) aurait pu être féconde une fois liée à l'inventeur de la théorie de la libido. Dommage.

Manhattan Freud

Luc Bossi

Éditions Albin Michel

365 pages, 31,95$

**