Comme Camus, l'Allemand Winifred Georg Sebald est mort dans un accident de la route. Il avait 57 ans, et ce remarquable écrivain a laissé en 2001 une oeuvre inachevée et déjà imposante avec Les émigrants, Les anneaux de Saturne, Austerlitz, Vertiges (parus en traduction française chez Actes Sud), des textes dans lesquels autobiographie et fiction, passé et présent s'entremêlent sous une plume d'une érudition vertigineuse.

Écrivain de la mélancolie, de l'expatriation, de la mémoire et du voyage dans la littérature, Sebald avait choisi l'exil à 22 ans vers l'Angleterre, y menant une vie d'enseignement et d'écriture, une vie d'art. Depuis sa mort, des textes posthumes paraissent dont, en 2004, De la destruction, texte magistral consacré aux bombardements du sol allemand par les troupes alliées, sujet tabou.

Ce coup-ci, son éditeur français a réuni quatre textes sur la Corse qui devaient faire partie d'un grand manuscrit; celui sur les cimetières et les rites funéraires de l'île est fascinant, comme celui sur la «destruction» des forêts corses. On y trouve aussi des essais sur ses écrivains aimés tel Kafka (son rapport au cinéma), et ses frères exilés Nabokov et Handke, dont il analyse finement la pièce Gaspard sur le mythe de l'enfant sauvage.

Ces courts textes sur la Corse, ces brefs essais sur la littérature sont peut-être des miettes en regard de l'oeuvre, mais des miettes d'un écrivain parmi les plus remarquables de ceux qui sont nés en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Actes Sud publie aussi un recueil d'entretiens accordés par Sebald et si justement intitulé L'Archéologue de la mémoire.

 

Campo Santo

W. G. Sebald

Actes Sud, 268 pages

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