Elizabeth George est née le 26 février 1949 à Warren, en Ohio. Diplômée de littérature, elle a enseigné l'anglais pendant 13 ans avant de se consacrer pleinement à l'écriture. Celle que les lecteurs britanniques appellent affectueusement «Queen Elizabeth» a une connaissance approfondie de l'Angleterre dont l'histoire, la civilisation et les moeurs lui sont aussi familières que celles de son pays natal. On ne sera donc pas surpris d'apprendre que les intrigues de tous ses polars se déroulent en Grande-Bretagne.

En 1988, elle publie A Great Deliverance (Enquête dans le brouillard), le premier d'une série de 13 romans (14, si on inclut Anatomie d'un crime, qui est un cas particulier) mettant en scène un couple des plus insolites: les inspecteurs Thomas Lynley et Barbara Havers. Lynley, huitième comte d'Asherton, est un aristocrate qui roule en Bentley et qui traîne une réputation de séducteur. Doté d'un esprit vif et intuitif, ce célibataire au physique avantageux a un grand sens de l'humour. Il est amoureux de Lady Helen Clyde qu'il finira par épouser. Contraste saisissant, l'inspecteur Havers est sans charme, plutôt laide, trapue et légèrement obèse. Habillée comme un as de pique, elle vit avec un père et une mère séniles dans une banlieue misérable. Au fil des récits, ce couple que tout sépare finira par constituer une équipe-choc capable de résoudre les affaires criminelles les plus délicates.

 

Pour bien situer l'action du Rouge du péché, il faut revenir en arrière, au 12e titre, soit Sans l'ombre d'un témoin, où se joue un drame épouvantable: Joe Campbell, un gamin de 12 ans, abat Lady Helen Clyde qui est enceinte! Choqués, des centaines de fans se plaignent par écrit à l'auteur de la disparition brutale de celle qui était devenue un des personnages les plus attachants de la série. Pour expliquer sa décision et illustrer les motifs du jeune tueur, Elizabeth George publie alors Anatomie d'un crime, un roman hors série qui doit plus à Zola qu'à Agatha Christie, dans lequel elle retrace le parcours du gamin, son environnement de misère, ses mauvaises fréquentations et l'enchaînement fatal qui l'a amené à exécuter une femme qu'il ne connaissait même pas.

Le rouge du péché commence trois mois après ce meurtre insensé. Inconsolable, jonglant avec des idées suicidaires, Thomas Lynley erre le long des côtes de Cornouailles quand il découvre le cadavre d'un jeune grimpeur au pied des falaises. Le jeune homme a été assassiné.

Au début, Lynley, qui a l'air d'un vagabond, est sur la liste des suspects. L'enquête est confiée à l'inspecteur Bea Hannaford. Elle décide de lui faire confiance et le met à contribution. Lynley devra notamment enquêter sur Daidre Trahair, une vétérinaire dont la maison est située à proximité de la scène du crime et dont le témoignage est plutôt douteux. Pour Lynley, comme pour Hannaford, il ne fait aucun doute que Trahair a des choses à cacher. Mais c'est une femme charmante et Lynley, qui tente tant bien que mal de soigner ses blessures psychologiques, est attiré malgré lui par cette belle inconnue qui est sans doute mêlée au meurtre.

Quant à Barbara Havers, appelée à la rescousse, sa véritable mission est de ramener Lynley à Scotland Yard. Le rouge du péché est un «whodunit», un récit d'enquête criminelle classique avec une intrigue complexe, sans trop de longueurs, et dont le dénouement est étonnant, voire choquant. Elizabeth George réussit le tour de force de garder notre intérêt pendant 526 pages avec un seul cadavre et une seule question: qui est le meurtrier? En ces périodes de meurtres multiples et de carnages, avouons qu'il faut un certain talent pour y parvenir.

Le rouge du péché

Elizabeth George

Presses de la Cité, 526 pages, 29,95 $

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