Fable philosophique et brumeuse sur les mystères du sentiment amoureux, petit roman d'aéroport gentil partout et ingénieux, intrigue sentimentale aux tenants farfelus, Peut-être une histoire d'amour repose sur une sorte de «gimmick» ou, plus aimablement dit, sur une bonne idée: un homme apprend, par un court message téléphonique, qu'il est laissé par une femme qu'il ne connaît pas du tout.

S'agit-il d'une fâcheuse méprise, d'une mauvaise plaisanterie ou d'une obscure machination? Notre héros, Virgile, jeune publicitaire lunatique, mènera seul l'enquête, cherchera à en apprendre sur cette Clara, ex-fiancée fantomatique. À partir de ces prometteuses prémisses, le Français Martin Page (Comment je suis devenu stupide, 2001) s'égare dans ce qu'on devine être de la vague autobiographie, Virgile étant évidemment son double caricaturé. Il est hypocondriaque, s'entoure de filles excentriques qu'il aime de façon platonique, adore Paris et se demande quel diable le pousse à persévérer dans un métier qui l'ennuie. Clara n'est ici qu'un spectre, et l'histoire de cette rupture imaginaire qu'un prétexte aux considérations floues du personnage sur les aléas de l'existence, sur l'amour et l'amitié, sur la difficulté d'être.

Élégamment écrit et d'une délicatesse qui confinerait à la mièvrerie sans son ironie douce-amère, marque de Martin Page, Peut-être une histoire d'amour est une lecture agréable, qui ne change rien à rien mais qui fait du bien. Par ce charmant bouquin, Martin Page, qui la joue low profile, applique la devise de son timide personnage: «Dans la vie, il faut s'efforcer à la fois de ne pas perdre et de ne pas gagner.» Plaire un peu beaucoup, en somme. 

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Peut-être une histoire d'amour


Martin Page

Éditions de l'Olivier

196 pages, 29,95$