Après un divorce éprouvant, un professeur de français dans un collège de troisième ordre décide de soigner sa dépression en imaginant un personnage de superhéros québécois. Sa créature s'appelle Monsieur Électrique. Il doit ses pouvoirs à un accident survenu en pleine crise du verglas, alors qu'il travaillait comme monteur de ligne. Frappé par un éclair, il s'est effondré dans la neige dans un terrain vague du triangle de glace, un champ infesté de déchets biochimiques...

Désormais, il peut activer son rasoir électrique même si les piles sont à plat, se faufiler par une prise et voyager en suivant les fils entre les murs, suivre les lignes de haute tension et capturer Subito Presto, «un bandit capable de doubler à la course une Formule Un», ou «contrecarrer Amiral Chaos, qui [...] tente de faire exploser le barrage de la Baie James».

C'est le sourire aux lèvres que l'on tourne les premières pages du roman de Jean-Marc Beausoleil, suivant en parallèle l'histoire de la naissance de Monsieur Électrique et le success-story de son créateur. Les premiers albums. La folie des congrès de comic books. Les produits dérivés. Le contrat avec Marvel, puis l'autre, faramineux, avec Ubisoft.

De prof déprimé, divorcé, cocu, sans le sou, Samuel passe dans le clan du jet set montréalais et roule sur l'or. Et bien entendu, c'est là que tout se met à se déglinguer. On délaisse, à regret, les tribulations de Monsieur Électrique pour celles de son créateur, qui n'a rien, lui, d'un superhéros. Et soudain l'histoire se complexifie et part dans toutes les directions - disparitions, fréquentations louches, meurtres sordides... Pour terminer bien loin de là où l'on croyait aller.

Malgré une histoire qui s'essouffle, et une fin décevante, on reconnaîtra à Beausoleil un humour bon enfant, une imagination débordante, un solide talent de conteur.

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Monsieur Électrique. Jean-Marc Beausoleil. Triptyque, 189 pages.