Qui n'a jamais ressenti la morsure du bilan que provoque une soirée retrouvailles? C'est le thème sous-jacent du premier roman de Julie Hubert, premier roman qui se lit comme on boit du petit lait et se révèle un excellent choix estival.

On y suit le parcours d'une jeune Gaspésienne qui, lors de sa graduation, hésite entre sa passion musicale et une orientation plus sécurisante qui lui permettrait de demeurer sur sa terre natale. Au fil des années, les illusions s'effritent, les déchirures s'accumulent et la jeune femme, devenue mère, se voit obligée de redéfinir son identité.

Hubert touche ici à plusieurs aspects fort intéressants avec beaucoup de tact. De prime abord, elle aborde la schizophrénie qui s'impose aux jeunes des régions devant nécessairement s'exiler pour poursuivre des études universitaires, mais aussi les conséquences directes de leurs choix, quels qu'ils soient, sur leur vie affective et sociale.

L'auteure choisit de surcroît de parachuter son personnage principal à Vienne, une ville que le lecteur découvre à travers les yeux ambivalents de la jeune femme à l'aube des grandes décisions.

Écrit simplement et porté par une trame narrative sur les chapeaux de roues, qui ne s'encombre pas de détails et vise chaque fois l'essentiel, le récit (visiblement inspiré de l'expérience de l'auteure) séduit de par sa sensibilité et les questions qu'il pose.

Car le jour des fameuses retrouvailles, cheveux blancs en prime, nous redevenons tous les êtres vulnérables à la croisée des chemins que nous étions alors...

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Les Retrouvailles, Julie Hubert, Libre Expression, 304 pages, 24,95 $