Dans ce recueil, les pensées du poète José Acquelin s'empilent les unes sur les autres sous plusieurs formes, du court récit à la miniature (à la manière du haïku), prennent à l'occasion le ton d'une missive (parfois accompagnée d'une dédicace) ou jettent tout simplement l'éclair d'un trait d'humour.

Ces écrits, que le poète situe justement «en marge du poème», sont les compagnons d'infortune, les racines d'un vers ou tout simplement le champ en friche d'où émergera peut-être un poème à venir. Il n'est pas nécessaire de connaître l'oeuvre d'Acquelin pour apprécier cet étrange (et inégal) carnet, même si le lecteur fidèle y retrouvera les thèmes chers à l'auteur ainsi que sa langue verbeuse.

Ainsi, le poète se penche sur le temps («car c'est quoi le temps si ce n'est l'éternité colonisée par la mémoire?») et, parallèlement, sur l'acte d'écrire: «J'écris pour me tenir à jour, à l'heure, à l'instant. Je m'y tiens.» Entre ces pensées qui culbutent d'un propos à l'autre, on reconnaît aussi l'acuité de l'Épluche-oeil dans la prose. Cependant, le néophyte pourra y déceler une curiosité contagieuse, un amour des jeux philosophiques et certaines ébauches de réflexions couchées sur papier au cours d'un voyage ou au détour d'une pérégrination intime. Ainsi, Acquelin s'interroge sur notre fascination pour l'instant présent - «nous sommes devenus des détemporels» - tout en s'inquiétant de l'avenir de la poésie, le tout dans un amas pêle-mêle de petites études diverses d'où se dégage la volonté de l'auteur de fabriquer de la beauté.

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Paradoxes de la fragilité

José Acquelin

Éditions Québec Amérique 104 pages, 17,95$

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