Il a vendu plus d'unmillion d'exemplaires des aventures d'Amos Daragon. Cet automne, il veut refaire le coup avec une nouvelle série, «Wariwulf». Bryan Perro a abandonné le royaume imaginaire d'Omain pour suivre en Asie Mineure la naissance du premier loup-garou de l'histoire.

«Je suis un fan de mythologie», explique l'auteur de la Mauricie, en entrevue dans un café voisin de son appartement montréalais. «Avec une géographie réelle, je peux partir d'une base plus concrète. Les lecteurs qui s'intéressent à l'histoire reconnaîtront les cités, les royaumes.»

«Wariwulf» s'adresse à un public plus âgé, 14-25 ans selon l'écrivain. Pourquoi? «J'avais envie d'aller plus loin pour mieux raconter, mieux expliquer. Être plus libre dans l'écriture.» Il n'exclut pas de retourner à la littérature jeunesse, mais comme plusieurs tomes sont prévus pour «Wariwulf «, qui s'étendra sur plusieurs millénaires, ce ne sera pas de sitôt.

Néanmoins, certains passages rappellent un certain lyrisme bon enfant d'«Amos»: «Comme si elle était plongée dans l'infini du cosmos, la louve se laissa porter par l'onde, entre le ciel et la terre, parmi les étoiles et leurs reflets ondoyants et, sous la lumière bienveillante de la lune, elle sentit le poids des années l'abandonner.»

Bryan Perro reconnaît que les 12 tomes d'«Amos» ont pu l'influencer, lui donner des plis. «Mais c'est peut-être juste ma façon à moi, tempère- t-il. C'est peut-être ma voix.»

Wariwulf est né à l'automne 2006, après le point final du dernier tome d'Amos. «Du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans projet majeur, dit M. Perro. J'avais du travail, c'est sûr, mais j'avais besoin aussi de penser à long terme. J'ai décidé de faire un voyage en Transylvanie avec Anne (sa compagne). Je me suis toujours intéressé à Dracula, ça sonne obscur et étrange. En visitant Veliko Tarnovo, une ancienne forteresse en Bulgarie, j'ai eu un déclic. La place est mythologique en elle-même. Puis à Varna, sur le bord de la mer Noire, j'ai vu une exposition sur l'or des Thraces, et j'ai trouvé le peuple fascinant. Tout le long du voyage, nous suivions l'histoire du premier vampire, mais j'ai commencé à penser qu'il pourrait y avoir une histoire du premier loup-garou.»

Le personnage est dans l'air du temps. L'exposition de Varna a été présentée par la suite au musée Pointe-à-Callière, et Bryan Perro a utilisé l'idée du loup-garou pour son spectacle Les dyades. L'auteur a puisé plusieurs informations sur la mythologie thrace et persane dans les manuels de sa fille, qui étudiait à l'Université Laval.

Wariwulf est unmot francique qui signifie «homme-loup». Il a été francisé en «garou» au fil des siècles, parce que le «w» de l'ancien germanique se prononçait comme un «g» dur. Dans le mot «loup-garou», il y a donc deux fois le mot «loup».

Le goût de la culture

D'où provient cette passion pour la mythologie? «Jusqu'à l'adolescence, j'étais élevé dans le sport. Mon père était entraîneur, et j'ai fait le marathon de Montréal à 12 ans, du basket AAA. Tout à coup, à 17 ans, j'ai été au Portugal, près de Lisbonne, avec le programme AFS. J'ai eu le clash de ma vie. Lisbonne est une ville à la culture incroyable. Quand je suis revenu, je ne savais pas ce que je voulais faire, mais je savais ce que je ne voulais plus faire, du sport. Le Portugal est un pays extrêmement mythologique qui a défini une partie de mon identité d'adulte.»

C'est là qu'il a appris à suivre ses désirs. «J'ai été un enfant obéissant, j'avais des bonnes notes. À Lisbonne, j'ai commencé à manquer des cours, au point qu'AFS a appelé mon père. Il a trouvé que c'était une excellente nouvelle que je sorte de moi-même.»

Malgré sa fascination pour le Portugal et pour les voyages, Bryan Perro est profondément enraciné en Mauricie. Il habite dans la forêt près de Saint-Mathieu-du- Parc. Il cite comme inspiration Louis Caron, Menaud, maître-draveur et Germaine Guèvremont. Et il estime qu'on devrait parler davantage des écrivains québécois.

Que pense-t-il de la controverse de Hérouxville, qui est survenue à deux pas de chez lui ? «C'est un fait divers qui a pris beaucoup de place. Ça me fait penser aux habitants d'une ville médiévale qui commencent à s'armer parce qu'ils voient au loin des Sarrasins. Finalement les Sarrasins ne viennent pas, mais eux restent prisonniers de leurs murs à attendre. Ceux qui sont à plaindre, ce sont ceux qui restent prisonniers de leurs craintes»

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Wariwulf tome 1: Le premier des Râjâ de Bryan Perro, Éditions Les intouchables, 369 pages, 24,95 $

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